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MATHÉMATIQUE.

lui a enseignées, et sans aucun mélange de ses propres idées.

À y regarder de plus près, il semble, au reste, que, pour une convenable application des épithètes de fort et d’habile, il soit nécessaire d’avoir quelque égard au plus ou au moins d’importance et d’utilité de la science ou de l’art auxquels on les applique. Ainsi, par exemple, on dit d’un escamoteur qu’il est très-fort et d’un chirurgien qu’il est très-habile, bien que l’escamoteur et le chirurgien ne réussissent, l’un et l’autre, que par l’adresse de la main, jointe à beaucoup de pratique. On dit, à l’inverse, un fort joueur d’échecs et un habile général, bien qu’il faille quelquefois plus de force de tête pour se tirer avec l’honneur d’une partie d’échecs que pour s’assurer le gain d’une bataille. Ce ne peut donc être que parce qu’ils regardent les sciences exactes comme un objet futile, que les gens de lettres disent de ceux qui s’y distinguent, qu’ils y sont forts.

Mais, il paraît qu’à égalité d’importance et d’utilité, la distinction établie en premier lieu reprend tous ses droits.

Il arrive assez communément que les compositeurs, même les plus habiles, ne sont forts sur aucun instrument ; tout comme les plus forts calculateurs ne sont pas d’ordinaires les plus habiles géomètres.


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