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DE LA DÉFINITION.

contraire, un très-grand secours dans l’usage de cette même expression dont, au premier abord, nous avions à peine entrevu l’utilité. C’est ainsi, en particulier, que toute la science du calcul repose sur la puissance des mots, c’est-à-dire, sur l’emploi des dénominations des diverses collections d’unités. On doit ajouter encore qu’assez souvent on peut raisonner sur les mots sans qu’il soit besoin de s’enquérir de leur signification, tout comme en algèbre on exécute des calculs, sans songer aucunement à ce que représentent les symboles sur lesquels on opère.

Mais comme enfin les mots ne sont au fond que de vains sons, tout-à-fait insignifians par eux-mêmes, et ne pouvant devenir les signes de nos pensées qu’en vertu d’une convention ; et comme d’ailleurs il est impossible soit d’en faire un emploi convenable, soit de comprendre l’usage qu’en font ceux qui nous parlent, sans être au courant de cette convention, il est d’une nécessité rigoureuse, toutes les fois qu’on introduit des mots nouveaux dans le langage, d’en circonscrire nettement le sens ; et c’est là ce qu’on appelle les définir. Ainsi, faire une définition, c’est proprement et uniquement annoncer que l’on convient d’exprimer à l’avenir, par un mot unique, choisi arbitrairement, une collection d’idées que, sans le secours de ce mot, on serait obligé d’exprimer par le moyen de plusieurs autres, et conséquemment d’une manière moins briève. Ainsi, par exemple, lorsqu’on dit : j’appelle nombre premier un nombre entier qui n’a d’autres diviseurs que lui-même et l’unité ; j’appelle diamètre d’un cercle une ligne droite qui, passant par son centre, se termine, de part et d’autre, à sa circonférence, on fait des définitions. La définition ne fait donc autre chose qu’établir une identité de sens entre deux expressions d’une même collection d’idées dont la plus simple est nouvelle et arbitraire, tandis que l’autre, plus composée, est énoncée en mots dont le sens se trouve déjà fixé, soit par l’usage, soit par une convention antérieure. Demander donc si l’on doit définir les mots, c’est demander à peu près s’il faut parler à la manière des perroquets, sans