Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1818-1819, Tome 9.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
DE LA DÉFINITION.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

il aura tort sans doute ; mais sa définition n’en sera pas pour cela moins admissible : c’est son langage et non cette définition qu’il devra réformer.

Mais il est un objet que les écrivains même qui ont traité le plus au long des définitions ont totalement passé sous silence : c’est ce qui concerne le choix des mots. La raison en est sans doute que ces écrivains, uniquement littérateurs, pour la plupart, ont pensé qu’il n’y avait plus de mots à créer. Mais, puisque le progrès toujours croissant des sciences oblige chaque jour d’y introduire des mots nouveaux ; puisque quelques-unes ont senti le besoin de réformer entièrement leur langue ; et puisque, si ce besoin n’a pas été aussi impérieusement senti pour d’autres sciences, il n’en est peut-être pas pour cela moins réel, il convient, avant de terminer de nous arrêter un moment sur ce sujet.

En principe, il est rigoureusement vrai de dire que rien n’est plus indifférent en soi que le choix des signes que nous destinons à exprimer nos pensées ; et que tout ce qu’on peut raisonnablement exiger d’eux est qu’ils ne soient ni trop longs ni d’une prononciation trop difficile et trop peu analogue à la conformation de nos organes et aux habitudes qu’ils ont contractées. Il semblerait donc qu’en se conformant d’ailleurs à ces indications du bon sens, il devrait être permis de choisir, d’une manière tout-à-fait arbitraire, les signes nouveaux dont de nouvelles idées peuvent réclamer l’usage. La vérité est pourtant que, dans nos langues modernes, il n’existe pas un seul mot qui, si l’on peut s’exprimer ainsi, ait été formé de toutes pièces ; pas un seul qui ne soit dérivé d’une manière plus ou moins directe des langues auxquelles les nôtres ont succédé ; et dont les mots ont été sans doute dérivés de la même manière de ceux de quelque autre langue plus ancienne. Il est même très-vrai de dire que l’opinion est aujourd’hui tellement formée, ou, pour mieux dire, égarée, sur ce point, qu’un écrivain qui, ayant à exprimer quelque idée nouvelle, y attacherait un signe tout-à-fait nouveau, et qui ne serait dérivé d’aucune langue connue, serait