Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1821-1822, Tome 12.djvu/190

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RÉSULTAT

Que nous soyons, au contraire, en possession d’un certain nombre de résultats, sans savoir aucunement ni à qui ils sont dus, ni quelle méthode on a mis en usage pour les obtenir ; ou bien que ces résultats soient dus à des hommes doués du même degré d’habileté et de bonne foi, appliquant ces qualités à des méthodes susceptibles d’un égal degré de précision ; les motifs externes de suspicion cesseront d’exister ; mais nous pourrons alors en trouver d’internes. Si, par exemple, la plupart de ces résultats ne présentent entre eux que des différences comprises dans les limites des erreurs dont les observations et les expériences, faites même avec le plus de soin, sont inévitablement susceptibles, et si en même temps les autres résultats, en beaucoup plus petit nombre, différent d’une manière très-notable, tant entre eux que de ceux-là, ce sera, contre ces derniers, des motifs internes de suspicion assez graves pour les faire rejeter, sans aucune hésitation.

On peut remarquer, au surplus, que si de trop notables différences entre des résultats suffisent pour en motiver le rejet, une trop parfaite concordance entre ces mêmes résultats doit produire le même effet. Cette coïncidence absolue est effectivement à tel point hors de toute vraisemblance qu’on ne saurait raisonnablement se refuser à l’attribuer à une concertation entre ceux à qui ils sont dus ; concertation qui, décelant chez eux un défaut de bonne foi, les rend tous dès-lors également suspects ; et c’est ainsi, pour le dire en passant, que des motifs internes de suspicion peuvent quelquefois en faire naître d’externes.

Mais quelque peu de coïncidence que puissent offrir entre eux les résultats qu’on examine, quelle que soit l’étendue des limites entre lesquelles ils se trouvent renfermés, s’ils se trouvent à peu près uniformément réparties entre ces limites, si, par exemple, ils forment sensiblement une progression arithmétique, ou si, mieux encore, il s’en trouve un assez grand nombre qui différent fort peu du plus grand d’entre eux, et un autre nombre,