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MOYEN.

naturel qu’elles concourussent toutes pour une égale part à la formation du résultat moyen.

Cependant, dans ce cas même, la méthode vulgaire n’a pas été généralement suivie ni pratiquée sans quelques restrictions. Il est, par exemple, certaines provinces de France où, pour déterminer le revenu moyen d’une propriété territoriale, il est d’usage de considérer ce revenu durant vingt années consécutives, d’en distraire le revenu le plus fort et le revenu le plus faible, et de prendre ensuite le dix-huitième de la somme des autres. Ceux qui ont imaginé cette méthode, ont sans doute considéré que des récoltes extrêmement abondantes et des récoltes extrêmement faibles devaient être considérées, en quelque sorte, comme des exceptions à la marche habituelle de la nature, et qu’en conséquence on ne devait en tenir aucun compte.

Mais des motifs à peu près semblables à ceux qui font ainsi rejeter le plus fort et le plus faible résultats, ne pourraient-ils pas tout aussi bien motiver l’exclusion des deux plus forts et des deux plus faibles, ou même d’un plus grand nombre des uns et des autres ? et d’exclusion en exclusion n’arriverait-on pas enfin à ne conserver que le résultat du milieu, lorsque les données seraient en nombre impair ? Qui sait même si quelqu’un, au lieu de rejeter les deux résultats extrêmes, ne jugerait pas à propos, au contraire, de ne conserver que ceux-là, et de prendre leur demi-somme pour le résultat moyen ? On sent même qu’il ne serait pas difficile de trouver des motifs plausibles à l’appui de cette pratique. D’autres pourraient, tout aussi bien, employer les deux résultats les plus forts avec les deux plus faibles, ou combiner entre eux un plus grand nombre des résultats extrêmes. D’ailleurs, si l’on est fondé, soit à rejeter, soit à employer exclusivement les deux résultats extrêmes, lorsqu’on n’en considère que vingt seulement, ne faudra-t-il pas, si l’on veut être conséquent, rejeter ou employer exclusivement les deux plus forts et les deux plus faibles sur quarante, les trois plus forts et les trois plus faibles sur soixante, et ainsi