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RÉSULTAT

de suite ? Mais, tandis que quelques-uns prendront le nombre vingt pour base des rejets ou des admissions exclusives, qui s’opposera à ce que d’autres ne s’accommodent mieux des nombres quinze ou vingt-quatre ? Nous nous trouverons donc jetés ainsi dans le champ de l’arbitraire ; et le résultat moyen, qui, de sa nature devrait être unique, se trouvera, dans le fait, plus grand ou plus petit, suivant les diverses modifications qu’il aura plu à chacun d’introduire dans la méthode destinée à en donner la valeur.

Mais le système des rejets ou des emplois exclusifs, tolérable encore, jusqu’à un certain point, dans l’hypothèse suivant laquelle nous venons de raisonner, ne semble plus pouvoir être admis dans celle où les résultats ne différent les uns des autres qu’à raison de l’imperfection des procédés d’observation ou d’expérience. Que l’on ait fait, par exemple, vingt pesées d’un même corps ; bien qu’il soit fort vraisemblable que ni la plus forte ni la plus faible, ni même aucune d’elles, ne représente exactement le poids de ce corps, cela pourrait pourtant arriver ; en toute rigueur ; et cette considération suffit pour faire comprendre qu’il serait très-déraisonnable de ne les pas toutes prendre en considération.

Mais sera-t-il plus sensé de les faire toutes concourir pour la même part dans la composition du résultat moyen ? nous ne le pensons pas davantage. Nous avons remarqué plus haut que, parmi les données fournies par l’expérience, il peut s’en trouver une ou plusieurs qui s’écartent tellement des autres que l’on doive les rejeter sans aucune hésitation ; mais, jusqu’à quel point devront-elles s’en écarter pour qu’il puisse être permis de n’en tenir aucun compte ? c’est là, à ce qu’il nous paraît, une question qu’il ne serait pas facile de résoudre. Supposons-la cependant résolue ; supposons qu’on ait trouvé que, pour qu’une donnée soit dans le cas d’être rejetée, il faut qu’elle tombe en dehors des deux limites quel parti faudra-t-il prendre alors, si une certaine donnée coïncide exactement avec l’une ou l’autre de ces deux limites, et, en suivant la méthode vulgaire, ne se trouvera-t-on pas dans cette