Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1821-1822, Tome 12.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
DES SCIENCES.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Ces signes peuvent être permanens ou fugitifs. Les signes de la première sorte constituent la langue écrite dont les principaux usages sont de conserver invariablement la pensée pendant un temps indéfini, et de la transmettre, sans altération, à des distances illimitées. Ceux de la seconde sorte appartiennent à la langue parlée dont l’usage est pour ainsi dire instantané, et qui ne peut transmettre la pensée qu’à des distances très-bornées. À celle-ci doit se rapporter la langue d’action ainsi que le langage inarticulé. L’usage de la langue écrite paraît être exclusif à l’homme ; tandis qu’il partage avec tous les autres animaux, mais dans un degré évident de supériorité, l’usage de la langue parlée.

Les signes de l’une et de l’autre langue peuvent être ou naturels ou conventionnels ; ceux de cette dernière sorte sont aussi appelés signes d’institution. Les premiers jouissent du privilège de l’universalité, mais le nombre en est nécessairement peu étendu ; les derniers peuvent être, au contraire, indéfiniment multipliés par le jeu des combinaisons ; mais ils varient de peuple à peuple, de siècle à siècle, et sont tout-à-fait inintelligibles pour qui n’est pas au courant des conventions qui ont présidé à leur création. Ceux-ci paraissent être exclusivement à l’usage de l’homme : il partage l’usage des autres avec tous les animaux.

En considérant donc les signes de nos pensées sous ce double point de vue, nous sommes tout naturellement conduits à les ranger sous les quatre chefs principaux que voici, savoir :

1.o Les signes fugitifs et naturels : tels sont les cris, le rire, les pleurs, les gestes, etc. Ils constituent presque à eux seuls la langue des animaux.

2.o Les signes permanens et naturels : tels sont les étalages de nos marchands au-devant de leurs boutiques, le dessin, la peinture, etc. ; telle était probablement l’écriture hiéroglyphique dans sa première simplicité.

3.o Les signes fugitifs et conventionnels : tels sont les signaux en mer, les coups de canon dans une fête publique, le pas de