Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1821-1822, Tome 12.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
DES SCIENCES.

d’un alphabet commun à toutes les langues de la terre. Il est même telles circonstances où des conventions trop circonscrites peuvent entraîner de graves accidens, et compromettre la vie même des individus. Je ne sais, par exemple, jusqu’où s’étend l’usage de la croix de funeste présage dont parle Boileau dans sa VI.e satire ; mais, comme c’est ici un signe éminemment conventionnel, il est clair que cette croix peut fort bien n’être, pour un étranger, d’aucune garantie contre le risque auquel l’exposent des couvreurs qui,

Grimpés au toit d’une maison,
En font pleuvoir l’ardoise et la tuile à foison.

Suivant cette maxime, on doit trouver fort heureux que les géomètres, sans aucune convention formelle, se soient accordés à attacher constamment certains signes aux mêmes idées, et soient dans l’usage, par exemple, de désigner toujours le rapport du diamètre à la circonférence par , la base des Logarithmes naturels par la gravité et ainsi du reste. Ce n’est point, en effet, une petite affaire que d’avoir constamment présente à la pensée, dans tout le cours d’une longue question, la signification de tous les symboles qu’on y considère, sur-tout lorsque ces symboles sont fort nombreux. Plus donc ces sortes de conventions seront multipliées et plus aussi l’esprit s’en trouvera soulagé.

III. Quoiqu’il n’y ait, au fond, aucun inconvénient grave à attacher plusieurs signes à une même idée ; cependant, comme un surcroît de signes est toujours une charge pour la mémoire, il est beaucoup plus convenable de s’abstenir de ces sortes de doubles emplois, qui ne sauraient offrir le plus léger dédommagement de la peine qu’ils procurent. Ainsi, par exemple, puisque la notation des proportions peut être remplacée par celle des équations, et que celle-ci ne peut à l’inverse être complètement suppléée par l’autre, ne serait-il pas convenable de ne plus employer que cette dernière, qu’on est toujours obligé de connaître et que l’autre ne saurait dispenser d’apprendre. On a bien, à la vérité des synonymes