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DE LA LANGUE

s’appliquait à son objet qu’en vertu d’une convention expresse ; et, cette convention connue pour les dénominations des mesures d’une série, on n’en était pas plus avancé pour celles des mesures de toute autre série. Dans le système métrique, au contraire, dès que l’on sait quelle acception on doit attacher aux mots Mètre, Are, Stère, Litre et Gramme, et à ceux-ci, Myria, Kilo, Hecto, Déca, Déci, Centi, Milli, on est en état de nommer, sans hésitation et sans méprise, et de distinguer parfaitement les unes des autres quarante unités de mesures différentes.

Ce n’est donc pas parce que les mots Myria, Kilo, Hecto, Déca sont tirés du grec ; ce n’est pas parce que les mots Déci, Centi, Milli sont tirés du latin ; ce n’est pas enfin parce que les mots Mètre, Are, Stère, Litre, Gramme sont dérivés d’autres mots antérieurement employés, que la langue des mesures métriques est une langue bien faite ; ce choix n’offre que l’avantage très-léger de rendre l’intelligence de cette langue un peu plus facilement accessible au plus petit nombre de ceux qui sont dans le cas d’en faire usage. Ce qui rend la langue des mesures métriques une langue bien faite, c’est uniquement que le nom de chaque unité de mesure fait toujours nettement connaître et à quelle série appartient cette unité et quel rang elle occupe dans cette série ; c’est que les mots de cette langue peuvent être régulièrement distribués dans les cases d’une table à double entrée, dont il suffit de voir la première bande horizontale et la première colonne verticale, pour en connaître complètement toute l’organisation intérieure[1].

  1. Une question qui nous paraît assez piquante, mais que néanmoins nous n’entreprendrons pas de résoudre, est celle de savoir s’il y a plus d’avantage que d’inconvénient à ce que les signes, soit vocaux, soit écrits, se ressemblent d’autant plus que les idées qu’ils expriment sont moins dissemblables. Nous voyons, par exemple, que dans leur prononciation les mots bain et pain se rassemblent beaucoup, bien qu’ils expriment des idées fort différentes ; tandis qu’au contraire, les mots pain et gâteau, qui expriment des idées très-voisines,