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DES SCIENCES.

exemple, on a trouvé remarquable la droite qui, dans un polygone, joint deux sommets non consécutifs, et on l’a appelé diagonale ; mais le point où concourent les directions de deux côtés non consécutifs du polygone n’est-il pas également digne de remarque ; et ne mériterait-il pas, comme la diagonale, d’être désigné par un mot particulier ? qui sait combien de théorèmes ne pourraient pas résulter de la combinaison de ces sortes de points, soit entre eux, soit avec les diagonales elles-mêmes, ici encore, comme dans tant d’autres circonstances, on reconnaît un des fâcheux effets de notre obstination à repousser toute dénomination qui n’entre pas dans le cercle de nos habitudes[1].

  1. On a tout aussi souvent besoin d’exprimer qu’un nombre peut se diviser par un autre que d’exprimer que l’autre est divisible par celui-là ; puis donc qu’on exprime cette dernière circonstance en disant que l’un des nombres est diviseur de l’autre, pourquoi n’exprimerait-on pas la première en disant que celui-ci est dividende du premier, et pourquoi l’expression de dividende commun ne serait-elle pas aussi bien admise que celle de diviseur commun ? Quant à celle de plus grand diviseur commun, c’est déjà une périphrase assez longue, qu’il serait fort convenable de remplacer par un mot unique ; mais, en se résignant à la conserver, il faudrait au moins consacrer l’expression inverse de plus petit dividende commun, au défaut de laquelle on est contraint d’employer celle-ci : plus petit nombre exactement divisible par des nombres donnés, qui est évidemment beaucoup trop longue.

    Dans une traduction des Disquisitiones arithmeticœ de M. Gauss, que nous avions entreprise, et que la publication de celle de M. Delille nous a fait discontinuer, nous avions hasardé les expressions diviseur maxime et dividende minime, en remplacement de celles-ci : plus grand diviseur commun et plus petit dividende commun.

    Nous signalerons encore, comme ayant grandement besoin de réforme, la langue des angles polyèdres et celle des polyèdres. Sans avoir, en effet, la ridicule délicatesse d’oreille de l’Araminte de Molière, on peut ne pas trouver d’un très-agréable et très-commode emploi ces locutions : les angles plans et les angles dièdres d’un angle polyèdre, les angles polyèdres d’un polyèdre, et quelques autres que sans doute MM. les professeurs n’emploient qu’avec beau-