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PERSPECTIVE

vérité, si ce tableau représente des montagnes, des arbres, nuages, et en général des objets susceptibles de toutes sortes de formes, il arrivera seulement qu’il ne représentera pas, pour deux spectateurs, les mêmes montagnes, les mêmes arbres, les mêmes nuages, etc. ; mais si, au contraire, le même tableau représente des objets assujettis à des formes déterminées, des objets susceptibles de description rigoureuse, tels, par exemple, que des monumens d’architecture ; alors deux spectateurs non seulement ne pourraient voir, l’un et l’autre, ces objets à leur véritable place ; mais même ils pourront paraître tout-à-fait difformes pour l’un d’eux.

Toutefois, lorsque le spectateur s’éloigne peu du point où le peintre a supposé qu’il se placerait, la déformation n’est pas très-choquante, sur-tout lorsque le tableau est fait pour être vu d’un peu loin ; et voilà aussi comment il est possible d’exécuter un tableau qui fasse illusion à la fois à plusieurs spectateurs. Le peintre doit alors supposer son spectateur idéal au centre des moyennes distances des têtes de tous les spectateurs, afin que la déformation des objets ne soit pas trop choquante poux aucun d’eux. C’est, en particulier, ce que pratiquent les décorateurs de nos théâtres, qui supposent communément leur spectateur au centre du parterre.

Avant de se proposer de représenter sur un tableau la perspective de divers objets originaux, réels ou supposés, il est donc nécessaire de fixer le point de l’espace où l’on suppose le spectateur ; il ne l’est pas moins de fixer aussi, dans l’espace, la situation des objets que l’on se propose de représenter. On parvient au but, en rapportant l’œil et les objets, ainsi que la perspective de ces derniers, à certains plans, à certaines droites et à certains points que nous allons faire connaître.

Outre le tableau, on conçoit par l’œil deux autres plans ; fun vertical et perpendiculaire au plan du tableau, qu’on appelle, pour cette raison, le plan vertical ; et l’autre horizontal, et conséquemment perpendiculaire, comme le premier, au plan du tableau ; celui-ci est appelé le plan horizontal. Ces deux plans coupent