Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1830-1831, Tome 21.djvu/290

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pas une petite affaire pour moi que de fixer, dans ma mémoire, de tous temps très-rebelle pour des fails sans liaison, une si grande variété de résultats en apparence si incohérens entre eux, et je jugeai qu’à plus forte raison l’auditoire, devant qui je les exposais y en retiendrait fort peu de chose. Je fus donc sollicité par ma paresse à réfléchir sur les explications qui en avaient été hasardées ; et je ne tardai pas à juger que ces explications, bien saisies, méritaient plus de confiance que leurs auteurs ne paraissaient leur en avoir accordé. Dès lors je vis qu’un ou deux principes, bien évidens, suffisaient pour me diriger sûrement dans ce qui, jusque-là, m’avait paru un dédale ; et présentement, de toutes les parties de l’optique, celle qui concerne les couleurs accidentelles me semble la plus facile à enseigner. Je vais expliquer ici de quelle manière je l’envisage, c’est-à-dire, écrire à peu près la leçon que, ai pris le parti de faire sur ce piquant sujet, Je suivrai d’ailleurs une marche synthétique, c’est-à-dire, qu’au lieu de décrire d’abord les phénomènes, pour remonter ensuite à leurs causes, je poserai, au contraire, quelques principes desquels ces phénomènes se déduiront ensuite comme de simples corollaires. On peut remarquer, en effet, que, bien que depuis environ un demi-siècle, l’analyse soit fort prisée par des hommes même qui, pour la plupart, ne savent pas trop bien, peut-être, en quoi elle consiste, il est une multitude de circonstances où la synthèse lui est de beaucoup préférable[1].

Pour rendre plus simples les développemens dans lesquels je vais entrer, je supposerai constamment qu’il n’existe que trois couleurs primitives, le rouge, le jaune et le bleu qui, mélangées ou combinées deux à deux, produisent trois autres couleurs qu’on peut appeler secondaires, savoir : le vert, le violet, l’orangé et

  1. Voy., sur cela, la pag. 345 du tom. vii.me du présent recueil.