Page:Annales de pomologie belge et étrangère - 1.djvu/16

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Nommé membre associé de l’Institut de France en 1796, professeur de chimie et de physique expérimentale à l’école centrale du département de la Dyle en 1797, Van Mons se fit recevoir docteur à la faculté de médecine de Paris en 1807, faisant ainsi marcher de front l’art de guérir avec les soins de sa pharmacie.

Lorsque, après les événements de 1815, le roi Guillaume rétablit l’Académie royale des sciences et des belles-lettres de Bruxelles, le nom de Van Mons fut compris dans la première nomination, et en 1817 le gouvernement lui confia la chaire de chimie et d’agronomie à l’université de Louvain, fonction qu’il occupa jusqu’à la suppression légale de cette université, remplacée depuis par l’Université catholique.

Par suite de ce changement et du refus de Van Mons de remplir les mêmes fonctions à l’université de Gand, le gouvernement lui accorda, avec l’éméritat, le maximum de la pension de retraite, et bientôt après, le Roi lui conféra, en récompense de ses travaux, la décoration de son ordre.

Nous avons extrait ce qui précède, de la notice historique écrite en 1843 par M. Quetelet, directeur de l’Observatoire de Bruxelles et neveu par alliance de Van Mons. Nous renvoyons à cette notice, pour ce qui regarde ses ouvrages de physique et de chimie ; nous n’avons à apprécier le professeur que dans ses rapports avec la pomologie exclusivement.

Van Mons était né avec le goût du jardinage ; dès sa tendre jeunesse, il s’occupait à semer dans le jardin de son père, les graines de plantes annuelles et de rosier, afin d’obtenir des variétés nouvelles plus méritantes. Du semis des espèces florales, il passa à celui des espèces fruitières, en suivant, avec persévérance, la solution d’un système dont ses premiers essais lui avaient donné l’idée, et, en peu d’années, il réunit dans sa pépinière de la Fidélité, à Bruxelles, une masse d’arbres fruitiers, la plupart provenus de ses semis ; leur nombre s’élevait en 1815 à plus de 80 000.

En 1819, ex abrupto, le terrain qui contenait la pépinière de la Fidélité fut exproprié pour utilité publique, et Van Mons fut sommé de le vider dans le délai de deux mois. Il fut vivement affecté, mais non abattu d’une telle injonction. Professeur à l’université de Louvain, il résolut de transporter sa pépinière en cette ville, afin de l’avoir constamment sous les yeux ; mais l’époque assignée pour vider les lieux était malheureusement celle du fort de l’hiver, et Van Mons n’avait de disponible que deux jours de la semaine ; il ne put donc que cueillir des greffes, marquer les arbres les plus précieux, et sauver ainsi à peu près la vingtième partie de ce qu’il possédait.

Après une telle catastrophe, Van Mons aurait dû prendre des mesures pour en prévenir le retour ; mais, incapable de méfiance, il loua, à Louvain, un terrain appartenant encore une fois à la ville, pour y déposer les débris de sa pépinière de Bruxelles et y continuer ses expériences.

Ici commence une source de nouveaux chagrins ; l’autorité, qui aurait dû protéger ces jardins, fut la première à les abandonner à un véritable pillage. Mais nous laisserons parler l’ami de Van Mons, le vénérable M. Poiteau, à qui nous empruntons la plupart de ces détails.

« L’utilité publique avait juré qu’elle empoisonnerait enfin ses vieux jours. En 1832, nous allâmes faire le siége de la citadelle d’Anvers, et quoique la pépinière de M. Van Mons fût éloignée de l’armée, les ingénieurs n’ont pu trouver un endroit plus commode que cette pépinière pour cuire le pain de nos soldats. En conséquence, une grande partie des arbres de Van Mons fut détruite ; on construisit, à leur place, des fours pour nourrir nos soldats, et les fruits du reste furent exposés au gaspillage des allants et des venants. La philosophie de Van Mons le soutint encore dans cette dévastation inattendue : il loua deux nouveaux terrains, plus grands l’un que l’autre, pour repiquer ses jeunes plants de septième, huitième et neuvième génération, sans interruption de mère en fils. Il se consolait même, parce qu’il eut le temps de cueillir des greffes sur les arbres sacrifiés pour faire place à la construction des fours ; mais l’utilité publique n’avait pas encore épuisé toutes ses rigueurs contre lui. Il n’y avait malheureusement pas de chaptal dans le conseil du prince, et les ingénieurs n’y voyant goutte, décidèrent encore, en 1834, au nom de l’utilité publique, que la pépinière de Van Mons, fût-elle aux antipodes, était le seul et unique point du globe propre à l’établissement d’une fabrique de gaz d’éclairage. Fasse le ciel que ces messieurs y voient plus clair par la suite ; mais il ne sera plus en leur pouvoir d’empêcher que les véritables amis des lumières et de la prospérité publique ne regardent leur décision comme un acte d’ignorance et du plus grossier vandalisme. » « Ce jugement est sévère, ajoute M. Quetelet, mais nous ne pouvons qu’y souscrire en voyant surtout avec quelle incroyable légèreté l’on traite parfois les établissements scientifiques. Il est bon que les Vandales des temps modernes sachent qu’il existe un tribunal de l’opinion, et que l’histoire inflexible est là pour y dénoncer leurs noms et leurs actes. »

Depuis 1834 jusqu’à sa mort, qui arriva le 6 septembre 1842, Van Mons cultiva en paix les débris de sa pépinière : mais son grand âge et surtout la douleur qu’il éprouva de la mort du second de ses fils, en 1837, l’empêchèrent de donner à ses arbres fruitiers les mêmes soins qu’auparavant. Il ne paraissait plus en public, et la direction de ses cultures était confiée à un homme incapable de comprendre, ni la haute importance de ses travaux antérieurs, ni celle de les continuer. Il n’est donc pas étonnant qu’à la suite de trois transplantations successives et de la négligence apportée