Page:Annales de pomologie belge et étrangère - 3.djvu/211

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Son premier soin fut d’ouvrir des relations à l’étranger, et de choisir des correspondants à l’intérieur ; dès lors, des échanges de spécimens s’établirent, et Vilvorde devint le centre d’une étude incessante, où chacun apportait son contingent de faits et d’observations ; M.  de Bavay classait et résumait le tout, avec son intelligence infatigable, dans ces catalogues raisonnés qu’il faisait paraître chaque année, et qui, pendant un quart de siècle, n’ont cessé de se compléter et de se perfectionner, de manière à devenir une autorité dans le monde horticole[1]. M.  de Bavay fut récompensé de ses travaux par la vogue de son établissement, dont la renommée européenne s’est étendue jusqu’en Amérique.

Le plan des catalogues de Vilvorde a été imité depuis dans la plupart des grandes pépinières, parfois même on s’est à peu près borné à les copier, mais il est de notre devoir de consigner ici que l’initiative de ce progrès appartient à notre collègue, c’est une justice à rendre à sa mémoire.

S. M. le roi Léopold, qui porte à l’horticulture un intérêt aussi vif qu’éclairé, vint plusieurs fois visiter en amateur les pépinières de M.  de Bavay ; c’est à la suite d’une de ces visites, qu’en 1833, il fut autorise à leur donner la qualification de pépinières royales.

M.  de Bavay, membre de la commission provinciale d’agriculture du Brabant, avait créé, dans les cantons de Vilvorde et Saint-Josse-ten-Noode, une société agricole et horticole dont il était le président ; il continua ces mêmes fonctions, lorsque cette société fut transformée en comice agricole. L’exposition nationale ouverte au mois de septembre 1848 révéla d’une manière éclatante l’impulsion imprimée au comice de Vilvorde. Ce canton obtint à lui seul un plus grand nombre de prix et de distinctions que certaines provinces, et l’emporta, sous ce rapport, sur tous les autres cantons du royaume.

De tels services ne pouvaient manquer d’attirer l’attention du gouvernement ; en effet, le 16 décembre 1848, à la suite de la distribution des récompenses aux exposants, le roi remit la décoration de son ordre à M.  de Bavay.

Aux fêtes de septembre de la même année, le gouvernement, désireux de s’enquérir des besoins et des vœux de l’agriculture, réunit à Bruxelles un congrès composé de huit à neuf cents notables des diverses provinces. M.  de Bavay saisit avec empressement cette nouvelle occasion de se rendre utile à son pays ; de concert avec ses amis, MM.  Hennau et Royer, il déposa à l’ouverture de la session du congrès une proposition tendante à provoquer diverses mesures en faveur de l’arboriculture fruitière ; cette proposition, qui obtint la presque unanimité des suffrages, a été le premier vœu transmis au gouvernement par le congrès. La plupart des mesures qui s’y trouvent indiquées ont été mises à exécution depuis lors. C’est ainsi que l’année suivante, 1849, l’École pratique d’Horticulture de l’État fut instituée à Vilvorde, par arrête du 1er juin, et M.  de Bavay appelé à en prendre la direction.

Le gouvernement ne pouvait faire un meilleur choix : ancien chef d’un établissement d’instruction, le nouveau directeur réunissait à l’expérience acquise dans cette carrière, les connaissances théoriques et pratiques indispensables à l’enseignement de l’horticulture. Sous une telle impulsion, l’école de Vilvorde devait réaliser toutes les espérances que cette institution avait fait naître. En effet, les examens de sortie, en 1833, 1854 et 1855, ont constaté avec éclat la solidité de l’instruction acquise par les élèves jardiniers internes ; aucun n’a été ajourné et la plupart ont été diplômés avec distinction par le jury. La sollicitude paternelle du maître ne se bornait pas à l’instruction de ces jeunes gens ; dans le courant de la dernière année avant leur sortie, M.  de Bavay cherchait les moyens de

  1. Pour donner une idée de l’étendue de ce travail, il suffira de dire qu’un seul correspondant de M.  de Bavay, celui qui écrit ces lignes, a reçu de lui, pendant une période de vingt-trois à vingt-quatre ans, au moins 1,200 communications relatives à la pomologie.