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leur procurer de l’emploi, et y parvenait presque toujours. C’est en grande partie à ses soins généreux que les élèves jardiniers doivent leur carrière et des positions convenables.

Les cours publics, donnés à la même école, en faveur des jardiniers externes et des amateurs, ont aussi rendu des services réels et généralement appréciés.

Les hommes qu’une longue pratique, réunie à une intelligence élevée, a initiés à tous les secrets d’un art ou d’une science, en doivent communication à leurs contemporains ; telle est la loi du progrès. C’est ce motif, sans doute, qui décida M.  de Bavay à publier son Traité théorique et pratique de la taille des arbres fruitiers.

Les bons ouvrages sur cette matière ne manquent pas : la Quintinie d’abord et tant d’autres praticiens éminents ont posé les principales règles qui doivent nous guider dans la conduite des arbres fruitiers ; mais la science ne peut rester stationnaire ; des faits inattendus, des découvertes nouvelles surgissent sans cesse ; d’ailleurs M.  de Bavay, voulant écrire pour la Belgique et le nord de la France, a dû élaguer dans son traité tout ce qui n’est pas applicable à ces climats. Son livre a le rare mérite d’une concision qui n’exclut pas la clarté ; les matières y sont classées avec ordre et méthode ; c’est, enfin, l’un des meilleurs traités que l’on puisse consulter. Le public a porté le même jugement sur cet ouvrage, car, très-demandé en Belgique et en France, il n’a pas tardé à obtenir, dans ce dernier pays, les honneurs de la réimpression, honneur obtenu bien rarement par les écrivains belges ; il fut réimprimé à Paris en 1850 au nombre de dix mille exemplaires.

La même année, M.  de Bavay fut nommé membre correspondant de la Société nationale d’horticulture du département de la Seine, et bientôt après, l’Académie nationale de France se l’adjoignit en la même qualité.

Le mérite éminent et les services rendus à la science par M.  de Bavay, mis en relief en France, lui valurent la décoration de la Légion d’honneur, qui lui fut conférée le 17 décembre 1850.

La Société centrale d’agriculture de Nancy avait choisi en 1848 M.  de Bavay comme membre correspondant ; en 1852, il fut nommé par acclamation membre honoraire de la Société d’émulation et d’horticulture de la Seine-Inférieure, et en 1853, la Société impériale d’horticulture de Paris et centrale de France, le mit au nombre de ses membres correspondants.

Lors de l’institution de la Commission royale de pomologie, en 1852, M.  de Bavay en fit partie, et accepta les fonctions de secrétaire dans le comité de rédaction.

Depuis trois ans, il remplissait ces nouveaux devoirs, avec le dévouement le plus consciencieux. Notre savant collaborateur a fourni aux Annales de Pomologie un large contingent d’articles, très-estimés des hommes spéciaux. Les lecteurs de ce recueil peuvent en apprécier le mérite.

M.  de Bavay s’occupait activement de la rédaction d’un traité sur la sylviculture, que devait publier la librairie agricole de M.  Goin de Paris, au moment où une congestion pulmonaire l’a subitement enlevé à la science, à sa famille et à ses nombreux amis, alors que sa constitution vigoureuse semblait lui promettre encore de longues et belles années.

Après avoir payé à l’horticulteur infatigable, au savant pomologue, le légitime tribut de nos regrets, qu’il nous soit permis de rendre hommage aux qualités de l’homme aimable, de l’excellent ami, avec qui les relations étaient d’un charme infini. Sa mort a été pour l’école qu’il dirigeait, pour tous ceux qui l’ont connu, un sujet d’affliction profonde. Ses funérailles ont été célébrées à Vilvorde en présence d’un concours nombreux de personnes venues de tous les points du pays. Son fils, M.  Xavier de Bavay, qui lui succède dans la direction de l’école d’horticulture de l’État, conduisait le deuil ; plusieurs discours prononcés sur sa tombe ont rappelé la carrière si laborieuse, si honorable de l’horticulteur, du fonctionnaire public, ainsi que les qualités de l’esprit et du cœur de l’homme privé !

A. Royer