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Page:Annales de pomologie belge et étrangère - 7.djvu/111

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Nous avons déjà précédemment émis l’opinion que, parmi les nombreuses variétés qui composent nos collections, plusieurs pourraient bien n’être que des formes qui se seraient montrées accidentellement sur d’autres variétés ; ces nouveaux caractères auraient été fixés et propagés ensuite par la greffe ou le bouturage, devenant alors, en apparence, de nouvelles variétés. C’est ainsi que le Terret noir a produit plusieurs formes, parmi lesquelles nous nous bornerons à citer les principales. L’une d’elles désignée sous le nom de Terret-bourret, a été propagée et cultivée en grand dans le Midi ; elle est beaucoup plus fertile que le type, et produit un raisin d’un très-beau rose, qui se conserve aussi très-bien, mais dont le vin qui en résulte est peu coloré, et de qualité inférieure. Une autre forme, moins répandue, est à grains blancs ; aussi l’appelle-t-on Terret blanc, mais elle est peu cultivée, et n’offre d’ailleurs rien de particulier. Enfin, plusieurs autres formes se montrent accidentellement, mais ce sont généralement des dégénérescences que les vignerons s’empressent de faire disparaître au fur et à mesure qu’elles se produisent ; la plus fréquente que l’on remarque surtout dans les plantations les plus anciennes, est désignée sous le nom de Terret-coulayre, parce que les grappes qu’elle produit, coulent beaucoup à l’époque de la floraison.

Ces divers exemples de formes accidentelles se produisant de nos jours, autorisent à supposer qu’il a pu s’en produire d’autres et à différentes époques, depuis que cette variété est cultivée. Or, en admettant ce principe pour le Terret noir, pourquoi ne pas l’admettre également pour les différentes autres variétés cultivées. Dès lors, le nombre des variétés réelles serait infiniment restreint, et les innombrables variétés ou supposées telles qui existent de nos jours, pourraient bien se rapporter à un nombre fort limité de variétés types.

Qu’on nous pardonne cette digression, un peu étrangère à notre sujet ; c’est néanmoins une question intéressante, qui mériterait d’être l’objet d’un examen approfondi que ne comporte pas le cadre de cet ouvrage.

La maturité du Terret noir coïncide avec celle du Chasselas de Fontainebleau.

F. G. Sahut,
Membre correspondant de la Commission royale de Pomologie.