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ANALYSE DU KANDJOUR

palais (imaginaire) fait de toutes sortes de pierres précieuses, avec une nombreuse assemblée de Bodhisattvas du premier rang et doués des plus grandes perfections. Les sujets de leurs discussions sont diverses subtilités métaphysiques (folio 4) comme celles-ci : Quelle est la chose qui est inexpressible, indivisible et simple ? et qu’est ce qui est simple, qu’est-ce qui est composé ? Après quoi, dix d’entre eux posent successivement à Gàkya des questions pour lesquelles ils sollicitent des réponses. Il y a pour chaque Bodhisattva un chapitre spécial. Dans le neuvième, c’est Avalokiteçvara (tib. Spyan-ras-gzigs-dvang-phyug, སྤྱན་རས་གཟིགས་དབང་ཕྱུག​ qui demande à Çâkya une explication sur les dix bhûmis (ou degrés de perfection) des Bodhisattvas, comme aussi de ceux d’un Buddha ; la réponse occupe quelques feuillets. Dans le dixième chapitre, c’est Manjuçri (tib. Mjam-dpal) འཇམ་དཔལ​ qui demande l’explication de ce terme choskyi-sku (Sk. Dharma-kâya, le premier être moral) appliqué au Tathâgata. Suit une longue discussion sur ce sujet.

2. Le second traité ou Sûtra (folios 81-298) a pour titre sanskrit :

Arya Lankâvatâra-mahâyâna-sûtra, Tib. Hphags-pa Langkar-gçegs-pa theg-pa chen pohi Mdo. འཕགས་པ་ལང་ཀར་གཤེགས་པ་ཐེག་པ་ཆེན་པོའི་མདོ « Vénérable Sûtra de grand Véhicule sur la visite à Lanka. »

Sûtra prononcé à la demande du seigneur de Lankâ (appelé en tibétain Gnod-sbyin-hbod-sgrogs) par Bcom-ldan-hdas (Çâkya) étant dans la cité^^1 de Lankâ, au sommet du mont Malaya, sur le bord de la mer, avec un grand nombre de prêtres et de Bodhisattvas. C’est d’une façon miraculeuse que Çâkya visita Lankâ. Il résulte évidemment du texte que les visiteurs et le prétendu maître de Lankâ sont fictifs ; mais il y a dans le Lankâvatâra

1 Il faudrait dire « l’île » ; il s’agit de Ceylan. — Lankâvatâra, titre du traité, signifie « la descente à Ceylan ». Ce grand Sùtra est un des neuf Dharmas des Népalais. Burnouf en adonné l’analyse et traduit quelques fragments dans son Introduction à l’hist. du Bud. ind., pp. 458-63 de la réimpression.

Voici ce que dit Wassilief sur cet ouvrage :

« L’arrivée à Lankâ ou Ceylan : cette dénomination donne lieu de supposer que ce livre, qui repré-

    Chapitre V. À l’époque où le Buddha dans le bois des Gazelles fit tourner la roue de la doctrine des quatre vérités, cette doctrine, quoique admirable, n’était pas compréhensible (c’est-à-dire qu’elle était fausse). Plus tard lorsqu’il fit tourner la roue de la doctrine sur les signes secrets et cachés, s’appuyant sur le principe que nul objet n’est indépendant, cette doctrine (celle de la Prajñá pâramitâ) était également incompréhensible. Maintenant il fait tourner pour la troisième fois la roue de la loi véritable sur les signes publics et compréhensibles, et cette loi est véritablement compréhensible (Vassilief, 152-3).