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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
continue, sinon complète, notre traduction pehlvie que l’on serait tenté de croire qu’il en représente une autre version, et que l’original du Varshtmànsar n’est autre que nos Gàthas même, n’était que dans un grand nombre de cas il contient des développements absolument étrangers aux Gàthas. Nous avons d’ailleurs une preuve directe que les Gàthas et le Varshtmànsar font deux : le chapitre xxiii de Varshtmànsar correspond à l’Airyama ishyô et l’analyse du Dìnkart n’a rien de commun, ni avec le texte zend, ni avec le texte pehlvi de l’Airyama. Or, un heureux hasard nous a conservé un texte zend, qui est clairement l’original de ce chapitre : c’est le Fragment IV de Westergaard, qui est un éloge de la prière Airyama, différent de la prière même. Ce spécimen nous permet de nous faire une idée de l’ensemble du Nask : c’est un Nask qui suppose nos Gàthas, qui les cite librement, les développe, les paraphrase, mais en est indépendant[1]. Or cette indépendance même est ce qui rend précieux le texte du Dìnkart, car il nous fournit un commentaire des Gâthas, identique de sens à celui que nous possédons, mais assez différent dans les termes pour en éclairer plus d’une obscurité.
Ces instruments, rectifiés ou nouveaux, permettent d’aborder les Gâthas avec plus de chance qu’on n’en avait jusqu’à présent d’y porter la lumière. Je n’ai point la prétention d’en apporter une traduction qui s’impose tout entière. Il y a plus d’un passage que j’ai dû laisser, autant dire sans traduction, et, en règle générale, dans tous les passages obscurs où le pehlvi offrait, soit des lacunes, soit un texte mal établi, je n’ai pu donner que des « hypothèses subjectives », par suite sans autorité. Et sans parler des matériaux nouveaux que peut apporter l’avenir, je ne doute pas qu’avec le seul secours de ceux dont j’ai fait usage, on pourra en plus d’un point rectifier mes traductions et résoudre des difficultés qui m’ont échappé. Mais je crois que dans l’ensemble l’esprit des Gâthas sera fidèlement rendu.
  1. Le Varshtmànsar ouvrait avec un chapitre sur la légende de Zoroastre, intitulé l’Aèthrapaiti, qui manque aux Gâthas et pouvait leur servir d’introduction légendaire (Dk. IX, ch. xxiv).
    Le Varshtmànsar est le seul Nask qui soit directement rattaché aux Gàthas : « sur tout ce qui est dit dans les Gâthas, le Varshtmànsar dit quelque chose » (Dk. VIII, iii, iv).