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ZEND-AVESTA. — INTRODUCTION I : LES ÉTUDES ZOROASTRIENNES
Lycurgue, de Zaleucus, de Charondas, et s’ils ne contenaient rien de nouveau et d’intéressant, leur antiquité ne les ferait pas valoir, ils ne serviraient qu’à satisfaire la curiosité de quelques fainéants… L’Europe éclairée n’avait pas besoin de votre Zende-Vesta. » La langue de l’Avesta ne trouve pas plus grâce devant lui que son contenu. « Mais, direz-vous, j’ai voulu apprendre deux langues anciennes qu’aucun Européen n’a sues avant moi. Quelle petite gloire que de savoir ce que personne ne sait et n’a que faire de savoir ! On ne veut cependant pas vous priver de cette gloire : personne ne vous la disputera. On veut même croire que vous avez dans la tête plus de mots zendes, c’est-à-dire plus de mots durs, traînants, barbares, que tous les savants de l’Europe ; ne savez-vous pas que les langues n’ont qu’une valeur intrinsèque[1] ? »
Il a pourtant quelques arguments plus sérieux d’apparence à élever contre l’authenticité du zend : « Nous observons que dans vos citations de prétendus livres zends, vous faites usage du mot Din pour signifier la loi et la religion. Or ce mot est purement arabe et par conséquent ne pouvait pas se trouver dans un livre zend… Quant aux vocabulaires que vous avez traduits, il faut avouer que le révérend Destur Daraba dû savoir les langues sacrées de sa nation : mais lorsque nous voyons les mois arabes corrompus Dimia et Akhre, les deux mondes ; Malké, un roi ; Zeman, le temps ; Ganm, animal de bétail ; Dammé, sang ; Sanat, année ; Ab, père ; Amm, mère ; Awela, d’abord ; Shemsia, le soleil ; Tamdm, accompli, etc., pour du parsi, nous disons hautement que ce charlatan vous a trompé et que vous avez tâché de tromper vos lecteurs. — Il résulte. Monsieur, de tout ceci, ou que vous n’avez pas les connaissances que vous vous vantez d’avoir ou que ces connaissances sont vaines, frivoles et indignes d’occuper l’esprit d’un homme de quarante ans. »
Par un juste retour des choses d’ici-bas, W. Jones, qui commençait sa carrière scientifique en niant l’authenticité de l’Avesta, devait la couronner en acceptant celle du Desatir, livre saint d’une secte théosophique, écrit dans une langue de convention, et qui retrace l’histoire des treize pro-
  1. Il faut entendre sans doute « n’ont pas de valeur intrinsèque ».