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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

Bhagavat répondit :

Brahmâ, c’est avec une grande difficulté
Que j’ai surmonté les vices et compris (la loi).
Ceux qui sont dominés par la passion de l’existence
Ne comprendront pas bien cette loi.
La voie qui suit une direction contraire au courant (général),
(Cette voie) profonde et très difficile à apercevoir,
Ceux qui sont enveloppés par l’amas des ténèbres
Et en proie à la passion du désir ne la verront pas par cette raison.

— Vénérable, parmi les hommes qui sont dans le monde, parmi les êtres qui ont vieilli dans le monde, on en trouve qui de naissance ont les sens alertes, ou les sens médiocres, ou les sens émoussés ; qui sont faciles à entraîner ou faciles à discipliner, qui ont peu de corruption naturelle, peu de passion : ceux-là, s’ils n’entendent pas la loi, tendront à tomber toujours plus bas. Vénérable, il en est comme des Nympheas, des Lotus, des Lotus rouges, des Lotus blancs, qui sont nés dans l’eau, ont grandi dans l’eau. Tandis que les uns s’élèvent au-dessus de l’eau, quelques uns sont au niveau même de l’eau, quelques-uns sont encore plongés dans l’eau. Ainsi, Vénérable, parmi les hommes qui sont dans le monde, parmi les êtres qui ont vieilli dans le monde, on en trouve qui, selon leur nature, ont les sens alertes, les sens médiocres, les sens émoussés, qui sont faciles à conduire, faciles à discipliner, qui ont peu de corruption naturelle, peu de passion ; ceux-là, s’ils n’entendent pas la loi, tomberont toujours plus bas. Afin qu’ils aient le joyau de la loi, je prie Bhagavat de proclamer la loi, je prie le Sugata de proclamer la loi. Alors Bhagavat se dit en lui-même : Hé bien ! il faut que moi-même, avec l’œil du Buddha, je regarde le monde.

Cette réflexion faite, Bhagavat lui-même, avec l’œil du Buddha, contempla le monde. Quand Bhagavat contempla ainsi le monde avec l’œil du Buddha, parmi les hommes qui étaient dans le monde, et parmi les êtres qui avaient vieilli dans le monde, il y avait des natures à sens alertes, à sens médiocres, à sens, émoussés, faciles à conduire, faciles à discipliner, ayant peu de corruption naturelle, ayant peu de passion ; ceux-là, s’ils n’entendaient pas la loi, tendraient à tomber toujours plus bas : Voilà ce qu’il vit. À cette vue, Bhagavat en vint à déployer un grand amour pour les êtres.