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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


PREMIÈRES PRÉDICATIONS DU BUDDHA
Dulva IV folios 59-79 —
DÉCOURAGEMENT DE ÇAKYA

Ensuite Bhagavat se dit en lui-même : cette loi profonde, qui brille dans la profondeur, difficile à voir et difficile à comprendre, qui n’offre point matière aux raisonnements (négatifs) des sceptiques, subtile, digne d’être connue des sages avisés et des savants, je l’ai comprise : mais si je la communiquais à d’autres, ces autres ne la comprendraient pas ; il en résulterait pour moi de la fatigue, il en résulterait de l’épuisement, parce que, au lieu de me renfermer en moi-même, je me disperserais au dehors. Hé bien ! il vaut mieux que je reste seul dans un bois désert et épais, constamment appliqué à la méditation qui consiste à demeurer paisiblement dans la loi de la vue (de la vérité). Ainsi Bhagavat, restant là à cause de son peu de cœur, n’était pas disposé à manifester du zèle et à enseigner la loi.

2. VISITE DE BRAHMÂ À ÇAKYA

Alors Brahmâ le maître du monde eut cette pensée : Hélas ! le monde ne durera pas ! Hélas ! si le monde ne dure pas, à quoi sert-il que le Tathâgata, Arhat, parfait et accompli Buddha, soit venu ainsi dans le monde en suivant la voie royale, une seule fois, comme la fleur de l’Udumbara. Puisque Bhagavat reste assis maintenant de la sorte, à cause de son peu de cœur, et ne tend pas à manifester du dévouement et à enseigner la loi, eh bien ! j’irai et je le supplierai. — Telle fut sa pensée. Alors Brahmâ, le maître du monde, avec la même (facilité) qu’un homme robuste étendrait son bras plié, ou plierait son bras étendu, disparut du monde de Brahmâ et se trouva en présence de Bhagavat.

Brahmâ le maître du monde adressa en ce temps là cette gâthâ à Bhagavat :

Il exista jadis dans le Magadha une loi
Impure, méditée par des hommes souillés ;
Ouvre la porte de la loi de l’Amrta,
Annonce (la loi) comprise par celui qui est sans tache.