Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/105

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qualités excellentes[1], et surtout de fruits secs qu’il prépare lui-même ou fait venir de l’Inde et de la Chine[2], raisins, dattes, abricots, figues, noix, amandes, etc. Un plateau de fruits secs et un autre de gâteaux au beurre et aux œufs accompagnent obligatoirement la tasse de thé que l’on offre à tout visiteur de distinction.

Le thé est un objet de première nécessité pour le Tibétain, qui ne boit jamais d’eau pure par principe d’hygiène ; on prétend même qu’il tomberait malade s’il était trop longtemps privé de sa boisson accoutumée[3] ; mais il ne ressemble guère à celui que l’on consomme en Europe, en Chine et au Japon. C’est un thé commun et grossier fait avec les grosses feuilles, trop dures pour être utilisées dans les qualités même de choix secondaire, que l’on ne se donne pas la peine de séparer des brindilles auxquelles elles sont attachées, et même que l’on mélange quelquefois de petites branches de l’arbrisseau d’une assez forte dimension, pour obtenir une qualité de prix inférieur. La première qualité se nomme Joug-ma et la seconde Ching-kia[4] ou « thé de bois », dénomination qui lui convient admirablement. Ce mélange, humecté d’eau de riz pour l’agglomérer, est comprimé en pains (pa-ka) en forme de briques, de 25 centimètres de longueur, 20 centimètres de largeur et 10 d’épaisseur[5] et pesant à peu près régulièrement cinq livres chinoises[6]. Naturellement, un thé aussi grossier ne peut se préparer de la même façon que celui

  1. Voir plus haut, page 27.
  2. Les fruits secs constituent une partie importante de l’importation de la Chine au Tibet.
  3. C.-H. Desgodins, Mission du Thibet, p. 299.
  4. Id.
  5. Id.
  6. Soit 2 kil. 1/4 environ. — La grande consommation que l’on fait de ce thé, la régularité du poids des pains et son peu de variation de prix font que l’on emploie couramment la brique ou pain de thé en guise de monnaie d’échange.