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constituer la base de leur alimentation habituelle. Pour la masse de la population, la nourriture journalière se compose exclusivement de tsampa et de thé.

Le tsampa est la farine d’orge grise grillée. Quelquefois on en fait une sorte de bouillie en la délayant dans du lait ; mais le plus souvent la préparation en est beaucoup plus sommaire et plus expéditive. Dans une tasse de thé à l’eau, au lait ou beurré, on jette une poignée de tsampa, on remue la farine avec un petit couteau, ou spatule, spécial, fait en os, en ivoire ou en bois, que tout Tibétain porte à sa ceinture à cet usage, ou bien simplement avec le doigt, et lorsqu’elle est bien délayée on la presse entre les doigts de manière à en faire une grosse boulette que l’on avale en arrosant cette bouchée de pâte, ni cuite ni crue, du contenu de la tasse de thé. Cette opération se renouvelle trois ou quatre fois de suite, et le repas est terminé.

Le froment, dont le Tibet produit une certaine quantité, et le riz, que l’on importe de la Chine, du Boutan et du Bengale, sont des aliments de luxe. Le riz se mange bouilli, ou rôti. Avec la farine de froment, pétrie sans levain avec un peu de sel, on fait des petits pains assez semblables comme goût aux pains azymes des Juifs[1] ; ou bien, en la pétrissant avec du beurre et des œufs, on prépare des gâteaux dont les Tibétains sont très friands. Le père Huc parle aussi de gâteaux farcis de cassonade et de viande hachée[2], et Klaproth de pâtés, dont il ne donne pas la description[3].

Le Tibétain se soucie peu des végétaux, dont il ne cultive et consomme qu’un très petit nombre d’espèces, principalement l’oignon, l’ail, le navet et la citrouille. Par contre, il est grand amateur de fruits, dont le pays produit des

  1. Émile de Schlagintweit, Le Bouddhisme au Tibet, Annales du Musée Guimet, t. III, p. 107.
  2. Huc, Voyage dans la Tartarie et le Thibet, t. II, p. 316.
  3. Klaproth : Description du Tubet, Nouveau journal asiatique, t. IV, p. 248, note.