Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/134

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gauche, et ceux de la famille indo-européenne de gauche à droite. Le tibétain, avec le siamois et le birman, font exception à cette règle ; leurs alphabets, empruntés à ceux de l’Inde, se dirigent de gauche à droite. L’alphabet tibétain possède deux types de caractères : l’écriture vou-tchan, très élégante, nette et facilement lisible, ressemblant au type dévanâgari de l’alphabet sanscrit avec une certaine allure cunéiforme, sert aux usages de la langue religieuse, savante et administrative ; l’écriture vou-med, simplification cursive de la précédente, est difficile à lire quand on n’y est pas très accoutumé et ne s’emploie que pour les besoins de la vie courante. Dans l’une et l’autre les syllabes sont séparées par un point, appelé ts’eg, et les membres des phrases divisés par un signe en forme de clou, appelé rkyang-chad quand il est seul, gnis-chad quand il est double, bji-chad lorsqu’il y en a quatre, et ts’eg-chad s’il est surmonté de points. Ces signes remplacent notre ponctuation et correspondent à nos virgules, points et virgules, points, etc. Pour écrire, on se sert d’un mince roseau taillé, et comme le papier tibétain n’est pas collé, pour l’empêcher de boire, l’écrivain a soin de l’humecter d’un mélange de lait et d’eau.

3. Imprimerie. — L’art de l’imprimerie, venu de Chine, à ce que l’on croit, à une époque très reculée, a pris une extension considérable au Tibet. On ne se sert pas de caractères mobiles, mais de planches de bois gravées avec une grande finesse, qui fournissent souvent de magnifiques éditions. Tous les monastères de quelque importance possèdent une imprimerie destinée à l’impression des livres sacrés et des nombreux talismans, charmes et amulettes, dont la vente constitue une branche importante de leurs revenus[1].

  1. Selon Schlagintweit, une belle édition du Kandjour vaut jusqu’à 50,000 francs (Le Bouddhisme au Tibet ; Annales du Musée de Guimet, III, p. 51).