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Il y a en outre des imprimeries renommées à Lhasa, à Tachiloumpo et à Tsiamdo.

Les livres tibétains ne ressemblent en rien aux nôtres. Ils se composent de feuillets détachés, larges de six à quinze centimètres sur trente-cinq à soixante centimètres de longueur, imprimés sur les deux faces, empilés les uns sur les autres et serrés, pour en faire un volume, entre deux planchettes au moyen d’un cordon ou d’un ruban solide. Le P. Huc les compare, non sans justesse, à de grands jeux de cartes[1]. Il est probable que cette forme leur a été donnée pour imiter l’aspect des manuscrits sur feuilles de palmier, ou olles, apportés au Tibet par les missionnaires bouddhistes.

Les feuillets de ces livres sont soigneusement paginés, soit au moyen de chiffres assez semblables aux chiffres arabes, soit au moyen des lettres de l’alphabet. Dans ce dernier cas, les trente lettres, de K à A, représentent les 30 premiers chiffres, les feuillets 31 à 60 sont paginés à l’aide de ces mêmes lettres surmontées du signe i ; de 61 à 90, elles prennent le signe ou ; de 91 à 120, le signe é, et de 121 à 150 le signe o. Si c’est nécessaire, on continue de même jusqu’à 300 en accompagnant chacune des cent cinquante syllabes précédentes du caractère h muette, qui, on le sait, équivaut au redoublement ou à l’allongement de la voyelle qui le précède.

Souvent les livres tibétains sont illustrés, soit de motifs purement décoratifs, soit de figures représentant les Bouddhas et autres saints personnages dont ces livres rapportent les enseignements ou les hauts faits. Ordinairement, ces illustrations sont simplement imprimées en noir ou en vermillon, mais quelquefois, pour les éditions soignées, elles sont enluminées avec beaucoup de goût. Parfois aussi on laisse une réserve carrée, à chaque extrémité du feuillet,

  1. Huc, Voyage dans la Tartarie et le Thibet, t. II, p. 125.