Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/149

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sieurs localités sont célèbres pour leurs fonderies renommées qui approvisionnent de statuettes de divinités tout l’Orient bouddhique. Lhasa a la réputation des figurines de cuivre doré, d’autant plus estimées qu’elles sont plus petites. Ses produits se reconnaissent facilement à leur allure gracile et quelque peu mièvre. Les statuettes fabriquées par les moines et les artisans de Tachilhounpo sont également très estimées. La plupart des statuettes de bronze sortent des ateliers des provinces de Tsang et de Khams. Les bronzes de cette dernière sont renommés pour la perfection de détails de leur exécution et leur merveilleuse patine, qualités remarquables surtout dans les pièces qui remontent aux XVIe et XVIIe siècles, en dépit de l’impureté du métal. Tsiamdo, Djaya, Bathang et Lithang paraissent être les centres principaux de cette industrie artistique d’un caractère éminemment religieux. On recherche également le cuivre pour l’usage profane des ustensiles de ménage et à peu près partout la chaudronnerie est prospère, à Lhasa surtout, où il existe de plus une corporation spécialement vouée à la fabrication et à la pose de ces merveilleuses feuilles de cuivre doré, d’une durée presque éternelle, dont sont revêtues les toitures des temples dans toute la région mongole et tartare, de l’Himalaya jusqu’aux frontières de la Sibérie et de la Chine[1].

Moins estimée la chaudronnerie de fer est pourtant d’un usage plus répandu à cause de sa moindre valeur intrinsèque ; c’est elle qui figure dans presque toutes les tentes et les fermes sous la forme de l’indispensable marmite à thé, autour de laquelle, à chaque repas, se réunit la famille entière. Dans ses autres usages, la coutellerie et les armes par exemple, le fer du Tibet est particulièrement renommé, au dire de tous les voyageurs ; bien supérieur en tous cas au fer chinois. C’est sans doute pour cette raison que, dans

  1. Huc, Voyage, t. II, p. 267.