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CHAPITRE V

Histoire.

1. Histoire ancienne. — 2. Histoire moderne.

1. Histoire ancienne. — Si le fait de ne point avoir d’histoire peut être tenu pour la preuve du bonheur parfait dont a joui une nation, il ne doit pas avoir existé sur la terre de peuple plus heureux que les Tibétains. Des temps anciens et des actes de leurs ancêtres ils n’ont conservé aucun souvenir, ni écrit — ils ne connaissaient pas l’écriture, — ni oral — ils ne paraissent pas avoir de traditions ni même peut-être de contes populaires indigènes. De la chronologie, même encore aujourd’hui, ils n’ont cure, se contentant quand ils remémorent un fait tant soit peu ancien de dire : c’était il y a longtemps, ou bien il y a dix ans, vingt ans, cent ans. Leur histoire ancienne ne commence guère qu’avec l’introduction du bouddhisme dans leur pays, et encore faudrait-il avoir la foi robuste pour accepter comme données historiques les légendes qui relatent les règnes d’une quarantaine de prétendus rois du Tibet, tous — bien entendu — des incarnations du Bouddha Çâkyamouni.

Il faut arriver au moment où le Tibet entre en contact avec la Chine (vers 384 de l’ère vulgaire) pour trouver, dans les annales chinoises, des notices sur cette nation dignes de quelque créance, mais encore tellement vagues qu’il est évident que les deux peuples n’ont fait connais-