Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/162

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qui justifièrent un peu plus tard l’intervention des Chinois et la perte de son indépendance.

Ngavang-Lobzang étant mort, le successeur de Goutchi-khan comme roi du Tibet, Tsewang Arabdan, dissimula pendant seize ans la vacance du trône pontifical afin de régner sans partage ; mais un autre prince mongol, Lhazang-khan, entreprit de venger cette violation de l’ordre établi, vainquit l’usurpateur et, avec l’appui ou tout au moins l’approbation de l’empereur Kang-hi, fit procéder à l’élection d’un nouveau Dalaï-lama. Cette victoire du parti dévoué aux Chinois amena bientôt après l’invasion de la province d’Ou par les hordes des Dzoungars, hostiles à l’influence chinoise, qui, commandées par Tsewang Arabdan et sous le prétexte de rétablir la religion dans ses anciennes formes, prirent d’assaut et pillèrent Lhasa en 1717, et déposèrent le Dalaï-lama récemment intronisé. À cette nouvelle, l’empereur Kang-hi fit franchir la frontière du Tibet à une puissante armée de Mandchoux et de Mongols. Les rebelles Tibétains furent vaincus après une vaillante résistance, l’ordre rétabli, et le sixième Dalaï-lama, proclamé par ordre impérial, fut replacé sur le trône pontifical. Ces événements se passaient en 1723, et de cette époque datent la reconnaissance officielle du pouvoir temporel des papes bouddhistes et la mainmise de la Chine sur le Dalaï-lama.

Pour assurer les résultats de cette conquête, le gouvernement chinois distribua aux chefs tibétains, qui avaient servi sa cause, des titres pompeux, en ayant soin de les accompagner de solides prébendes. L’un d’eux, nommé P’olonaï (P’o-lha-nas-bsod-nams-stobs-rgyas), ayant par la suite remporté plusieurs avantages sur les rebelles, fut même promu à la dignité de prince chinois de seconde classe et chargé, avec le titre de roi, du gouvernement politique du Tibet. À sa mort, son fils, Gyourmed Namgyal, hérita de sa charge ; mais, trop ambitieux pour accepter