Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/166

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dit-on ; un second et un troisième eurent rapidement le même sort ; l’un fut écrasé par la chute du plafond de sa chambre, l’autre empoisonné. Comme on venait de pourvoir à la vacance du siège pour la quatrième fois, le supérieur du monastère de Galdan mourut aussi subitement. Ces morts subites si rapprochées parurent suspectes aux ministres qui les dénoncèrent au gouvernement chinois, et à la suite d’une enquête menée par l’ambassadeur de Chine, le Nomokhan fut arrêté. Mais alors une terrible émeute éclata. La foule des partisans du Nomokhan, à la tête desquels s’étaient mis les lamas de Séra venus en armes à Lhasa, se rua sur la prison pour délivrer le prisonnier et sur le palais du gouvernement pour s’emparer de l’ambassadeur qui put fuir heureusement. L’arrivée d’une importante force chinoise mit fin à l’émeute et le Nomokhan, qui avait peut-être manqué de courage et de décision au moment où ses partisans étaient les maîtres de la situation, fut envoyé en exil dans la Mandchourie.

Mais le branle était donné. Les troubles et les insurrections se succédèrent presque sans interruption, les lamas eux-mêmes donnant l’exemple du désordre par leurs querelles et leurs luttes à mains armées de secte à secte et de monastère à monastère, et de la rébellion par leurs fréquents refus de payer les taxes imposées par le gouvernement chinois. On a pu voir des couvents — tels, par exemple, les lamaseries de Tchong-tien et de Hong-poû[1] — pousser la résistance jusqu’à se laisser assiéger et prendre d’assaut : on a vu en 1869 le vice-roi de Lhasa prendre la fuite devant une émeute de la populace menée par les lamas, et tout bas on murmure que le Dalaï-lama approuve et encourage ces actes. Il est vrai que, rentré à Lhasa après la mort du principal meneur, un lama nommé Pétchi, le Nomokhan pour mettre fin à une nouvelle révolte des grands monas-

  1. Desgodins : Mission, p. 409 et 410.