Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/182

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célestes, avertit le roi de conserver pieusement ces objets, gages de la prospérité future du Tibet, dont la signification et la valeur seraient révélées en temps voulu à l’un de ses successeurs[1].

Ici nous sortons de la fiction pour entrer dans le domaine de l’histoire avec Srongtsan Gampo[2], le premier souverain authentique du Tibet (617-698). Nous avons vu qu’il avait épousé très jeune, entre 628 et 631, deux princesses, l’une népâlaise, Bhrikoutî, fille du roi Ansouvarman, l’autre chinoise, Wen-tching, fille ou nièce de l’empereur Taï-tsoung. Ferventes bouddhistes[3], les deux reines employèrent toute leur influence à convertir leur jeune époux à leur croyance, et le déterminèrent à envoyer son premier ministre, Thoumi ou Thonmi Sambhota, chercher dans l’Inde des livres bouddhiques et de savants religieux pour les expliquer et prêcher la Loi. Parti en 632 Thoumi Sambhota revint au Tibet en 650, après avoir visité les lieux saints et les monastères renommés comme foyers de science bouddhique, rapportant un certain nombre de livres sacrés et un alphabet[4], imité du Dévanâgarî indien, approprié à la traduction en tibétain des textes sanscrits, tâche à laquelle il consacra toute sa vie, sans cependant, à ce qu’il semble, avoir prononcé les vœux religieux.

Converti, le roi s’efforça de convertir son royaume à sa foi, encouragea la traduction des écritures bouddhiques, et fit construire à Lhasa, vers 644, le célèbre temple de

  1. Sarat Chandra Dâs : 1. c. — É. Schlagintweit : Le Bouddhisme au Tibet, p. 41.
  2. Voir page 139.
  3. Quoique affirmé par les historiens chinois ce fait paraît étrange en ce qui concerne la princesse chinoise qui devait avoir été élevée dans le Confucianisme.
  4. Cet alphabet, appelé Voutchan (dbu-can) « avec tête », est toujours usité pour les manuscrits soignés, l’impression et l’épigraphie. L’écriture courante, Voumed, « sans tête » ne sert que pour l’usage de la vie quotidienne.