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Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/183

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Rasa[1], appelé plus tard Lhaséi-tsô-khang[2], ou Djovo-Khang, pour recevoir les images sacrées d’Akchobhya et de Çâkyamouni apportées du Népal et de Chine par ses deux femmes, qui de leur côté, dit-on, édifièrent les monastères de Labrang[3] et de Ramotché. Toutefois cette attribution est plus que douteuse, le premier monastère du Tibet paraissant avoir été celui de Samyé, bâti une centaines d’années plus tard. Bien que sa vie belliqueuse fut loin d’être d’accord avec les préceptes bouddhiques, en reconnaissance des services qu’il avait rendus à la religion Srongtsan Gampo fut déifié comme incarnation du Dhyâni-Bodhisattva Tchanrési[4], personnification de la charité et de l’amour du prochain, protecteur attitré du Tibet. Ses deux femmes reçurent aussi les honneurs divins en tant qu’incarnations de la déesse Dolma[5], compagne ou Çakti de Tchanrési : Brikoutî sous le nom de Doljang[6], et Wentching sous celui de Dolkar[7]. Le fait que ni l’une ni l’autre ne donna d’enfants à leur époux est considéré comme la preuve de leur nature divine.

Sous les quatre premiers successeurs de Srongtsan Gampo, le Bouddhisme, aux prises avec les Bonpos, ne fit point de progrès, si même il ne fut pas presque complètement expulsé du Tibet, et ce n’est qu’avec le cinquième, Thisrong Détsan[8] (728-786), qu’il s’établit définitivement dans ce pays et devint religion d’État, en dépit des efforts du premier ministre Mashang Grompa Skyes (dont on ne put venir à bout qu’en le murant dans une caverne où il

  1. Rasa-hp’rul-snang-gi-gtsug-lag-k’ang.
  2. Lha-sé’i-mcod-k’ang.
  3. Bla-brang.
  4. Spyan-ras-gzigs, en sanscrit Avalokiteçvara.
  5. Sgrol-ma, en sanscrit Târâ.
  6. Sgrol-ljang « Târâ verte ».
  7. Sgrol-dkar « Târâ blanche ».
  8. K’ri-srong-ldé-btsan.