Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/187

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rive gauche du Tsangpo, le célèbre monastère de Samyé[1], sur le modèle, dit-on, de celui d’Odantapoura, où il réunit sous la direction de Çânta Kakchita une vingtaine de religieux savants venus de l’Inde et les sept premiers Tibétains qui reçurent l’ordination, noyau de la communauté qui donna plus tard, sous le nom de Lamaïsme, un caractère si particulier à la religion et au clergé du Tibet. Une tradition rapporte que ce monastère fut construit avec une rapidité inouïe, les dieux asservis par les charmes de Padma Sambhava, apportant les matériaux nécessaires et continuant pendant la nuit le travail que les hommes avaient commencé le jour[2].

Padma Sambhava ne fit pas un long séjour au Tibet. Aussitôt qu’il eut assuré l’organisation de la communauté, instruit quelques disciples capables de continuer son œuvre et donné une impulsion féconde à la traduction en tibétain de la masse déjà considérable des écritures bouddhiques, il disparut soudainement, retourné miraculeusement dans l’Inde à travers les airs, disent les uns, enlevé corporellement au ciel, croient les autres, où il trône comme le « second Bouddha, sauveur du monde », selon la prédiction de Çâkyamouni.

Outre ses innombrables victoires sur les dieux et les démons, qui représentent sans doute les Bonpos ses adversaires, et la composition de plusieurs traités de doctrine ésotérique et de magie, qu’il cacha, dit-on, dans des creux de rochers où ils ne devaient être découverts que par des saints impeccables et lorsque l’intelligence humaine serait assez développée pour qu’on put les comprendre[3], on

  1. Bsam-yas.
  2. L. A. Waddell : Lamaism, p. 266.
  3. Beaucoup d’auteurs de traités de métaphysique et de tantrisme passent pour avoir agi de même, et le premier exemple en fut donné par l’illustre Nâgârjouna. Les livres ainsi découverts se nomment Terma et leurs inventeurs Terton.