Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/188

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attribue à Padma Sambhava de nombreux miracles dont les principaux sont la fertilisation de la plaine sablonneuse de Ngamsod, l’endiguement du Tsangpo dans un canal profond et l’ouverture à travers les montagnes d’un passage pour l’écoulement vers l’Inde des eaux de ce fleuve.

Toutefois, malgré les efforts de Padma Sambhava et de Çânta Rakchita, l’établissement au Tibet du Mahâyâna mystique rencontra à plusieurs reprises de grandes difficultés, non seulement de la part des Bonpos, mais encore du fait d’autres sectes bouddhiques professant des doctrines différentes. Peu de temps après la mort du dernier, peut-être même de son vivant, un moine chinois, nommé Mahâyâna Hochang[1], vint prêcher une doctrine de quiétisme et d’inaction, faisant dépendre le salut de l’abstention de tout acte et même de toute pensée. Aucun disciple tibétain des deux Pandits indiens n’ayant pu lutter contre la dialectique du Chinois, sa doctrine prit bientôt une grande extension au détriment de celle de l’école indienne qui se vit presque abandonnée, et pour la sauver de ce péril Thisrong Détsan dut faire venir du Magadha un disciple de Çânta Rakchita, Kamala Çîla, religieux réputé pour son éloquence irrésistible. Une grande controverse publique eut lieu, sous la présidence du roi, entre Kamala Çîla et le Hochang, et ce dernier vaincu et convaincu d’hétérodoxie fut expulsé du Tibet.

Remise de cet assaut la doctrine de Padma Sambhava continua à se développer et l’œuvre de la traduction des écritures bouddhiques à progresser sous les règnes du fils et surtout du petit-fils de Thisrong Détsan, Ralpatchan, qui fit venir de l’Inde l’Âtchârya Djina Mitra et beaucoup d’autres savants pandits. Lorsqu’il fut assassiné, en 899, par son frère Langdarma, la traduction des 108 volumes

  1. « Prêtre Mahâyâna » Le terme chinois Hochang, équivalent du sanscrit Bhiksu, est en Chine le nom collectif de tous les religieux bouddhistes.