Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/195

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presque impossible, et on en est réduit à les étudier séparément chez les diverses sectes qui les ont élaborés ou acceptés.

La tradition de l’Église tibétaine rapporte que, aussitôt après la mort de Langdarma et la fin de sa persécution, onze saints religieux, qui s’étaient enfuis au pays d’Amdo, revinrent au Tibet, rentrèrent dans leurs monastères, appelèrent à eux les religieux dispersés, en ordonneront d’autres et rétablirent le Bouddhisme. Ce Bouddhisme paraît avoir été nettement tântrique et dépravé, car nous voyons le Pandit Rïntchen Zangpo, lui-même un adepte du tântrisme cependant, sévir contre des religieux qui abusaient du rituel tântrique pour commettre des obscénités sous le couvert de la religion[1]. En tout cas cette démoralisation du clergé tibétain se trouve implicitement affirmée par les démarches répétées du roi Lha-lama Yéçès-hod et de son successeur Lha-tsounpa Thang-tchoub pour faire venir de l’Inde des maîtres du Mahâyâna orthodoxe et par la mission de réformateur qu’accomplit Atiça.

Secte Kâdampa.Atiça naquit, dit-on, à Vikramanipourâ, dans le Bengale, en 980. Il appartenait à la famille royale de Gaur et fut élevé dans la religion brâhmanique. Après de brillantes études philosophiques et religieuses, il se convertit au Bouddhisme, fut initié à la doctrine Mahâyâna orthodoxe au monastère de Krichnagiri, prononça les vœux, à l’âge de 19 ans, au monastère d’Odantapourî sous la direction du célèbre Çila Rakchita qui lui imposa le nom religieux de Dîpañkara-Çṛi-Jñâna[2], et enfin reçut l’ordination à l’âge de 31 ans. Bientôt célèbre pour sa science profonde et la pureté de sa vie, il fut nommé grand-prêtre ou supérieur du monastère du Vikrama-Çila par le roi de

  1. Sarat Chandra Dâs : Contributions to the religious history of Tibet, Jour. of the As. Soc. of Bengal, 1882.
  2. En tibétain, Rjo-vo c’en-po dpal-ldan.