Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/197

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le Vinaya[1], y compris les vœux de chasteté et d’abstinence, impose le respect et l’adoration des Bouddhas et de Çâkyamouni en particulier, la charité et l’amour à l’égard de toutes les créatures, et pratique une méditation fervente ; elle professe la doctrine ésotérique du vide (çûnyatâ) et de l’irréalité du monde visible, et fait une part peu importante au mysticisme et au tântrisme, sans les rejeter tout à fait, mais en se tenant strictement aux doctrines et formules émises à leur sujet dans les écritures canoniques du Kandjour. Quelques auteurs supposent qu’elle ne serait qu’une revivance ou une restauration de la doctrine anciennement apportée par Thoumi Sambhota[2]. Elle a beaucoup perdu de son importance depuis la réforme de Tsong-Khapa et s’est en grande partie fondue dans la secte Gélougpa.

Secte Nyigmapa. — Les réformes d’Atiça et de Bromston ne réunirent qu’un nombre restreint d’adhérents ; la grande majorité des Lamas demeura attachée aux doctrines relâchées de Padma Sambhava et de ses successeurs, se donnant pour se distinguer des réformés, le nom de Nyigmapa[3] « Anciens, ou Vieille-École ». Les dogmes et les doctrines des Nyigmapa reposent entièrement sur les Tantras, les traités religieux et les commentaires de Padma Sambhava et de ses principaux successeurs, et sont fortement imprégnés du chamanisme des Bonpos. Pour donner plus d’autorité à son enseignement, Padma Sambhava avait prétendu le tirer de livres écrits et cachés par Nâgârdjouna, qu’il aurait découverts grâce à une révélation miraculeuse de ce saint personnage. À son exemple les principaux apôtres Nyigmapas attribuèrent leurs élucubrations à Padma Sambhava et feignirent de les découvrir dans des creux de rochers où il les aurait cachés afin d’assurer leur conser-

  1. En tibétain, Dul-va.
  2. Sir Monice Williams : Buddhism, p. 271.
  3. Rnyig-ma-pa.