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relation, il donne sur le Tibet quelques renseignements précieux, quoique souvent tant soit peu fabuleux[1].

Le premier parmi les Européens, un moine italien, Odoric de Pordenone[2] donna une description de visu d’une partie du Tibet, où il réussit à pénétrer vers 1330 : peut-être même parvint-il jusqu’à Lhasa, que l’on croit reconnaître dans la capitale dont il parle sans la nommer.

En 1624 et 1626, un jésuite, le père Antonio de Andrada, fit deux voyages d’Agra à Tchabrang (province de Ngary-Khorsoum, dans le Tibet occidental) dont le Râja le reçut avec bienveillance.

Quelques années plus tard, en 1661, deux missionnaires jésuites, Albert Dorville et Johann Grueber, entreprirent de rentrer de Pékin en Europe en traversant le Tibet, le Népaul et l’Indoustan, et accomplirent heureusement ce long et pénible voyage. Parmi les documents qu’ils rapportèrent se trouvait un portrait du Dalaï-Lama Ngavang-Lobzang, que le père Grueber avait pu dessiner pendant son séjour à Lhasa.

La cour de Rome, attachant une importance toute particulière à la propagation du christianisme dans cette forteresse du bouddhisme, encouragea vivement ses missionnaires à tenter de pénétrer au Tibet et d’y établir des missions permanentes. En 1706, ce sont deux capucins, les pères Joseph d’Ascoli et Francesco-Maria de Toune, qui partent du Bengale et arrivent sains et saufs à Lhasa ; puis, en 1716, c’est le jésuite Hippolyte Désidéri qui parvient à cette ville, après un voyage d’un an à travers le Cachemir et le Ladak. Enfin, en 1741, le père Orazio della Penna arrive à Lhasa avec cinq autres capucins et obtient de la bienveillance des autorités tibétaines d’y fonder une

  1. G. Pauthier, Le livre de Marco Polo, 2 vol. in-8o. Paris, 1865.
  2. Henri Cordier : Voyages en Asie du frère Odoric de Pordenone.