Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mission qui fut, cependant, expulsée quelques années plus tard[1].

Jusqu’à cette époque, comme on le voit, les obstacles que rencontraient les voyageurs européens au Tibet étaient d’ordre purement matériel, et les autorités du pays paraissent les avoir accueillis avec une certaine cordialité. On arrivait à Lhasa à peu près comme on voulait. Que se passa-t-il alors ? Quelles difficultés surgirent entre chrétiens et bouddhistes ? Y eut-il, comme c’est probable, une intervention énergique du gouvernement chinois pour étendre au Tibet les mesures appliquées dans tout le reste de l’empire ? Ce qui est certain, c’est qu’à partir de ce moment l’entrée du Tibet fut rigoureusement interdite aux Européens. Quand le gouverneur général du Bengale, Warren Hastings, voulut, en 1774, négocier avec le gouvernement tibétain une sorte de traité de commerce, il eut toutes les peines du monde à obtenir pour son ambassadeur, George Bogle, l’autorisation de franchir la frontière, et encore celui-ci ne put-il, malgré le caractère diplomatique dont il était revêtu, arriver jusqu’à Lhasa ; il fut obligé de s’arrêter à Tachilhounpo. Les mêmes obstacles arrêtèrent Samuel Turner, lorsqu’il fut chargé, en 1783, de reprendre la négociation où Bogle avait échoué[2]. Lui non plus ne put dépasser Tachilhounpo.

Cependant, cet excès de sévérité ne découragea pas les explorateurs. En 1811, Thomas Manning entreprend de passer de l’Inde à la Chine en traversant le Tibet, et arrive jusqu’à Lhasa ; mais on l’oblige à retourner sur ses pas. Un autre anglais Moorcroft pénétra, dit-on, jusqu’à cette capitale en 1826 et fut assassiné au retour dans la province de Ngary. Les explorations — qu’il serait trop long et

  1. Orazio della Penna, Noticia del regno di gran Thibet. Rome, 1762. Georgi, Alphabetum Thibetanum. Rome, 1762.
  2. S. Turner, Ambassade au Tibet et au Boutan. Traduit de l’anglais par J. Castéra ; 2 vol. in-8o. Paris, an IX.