Aller au contenu

Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suprême degré la charité, la compassion, l’amour du prochain ; plus que tout autre il est secourable et dans son inépuisable bonté s’est manifesté et se manifeste encore dans le monde par incarnations ou apparitions toutes les fois qu’il y a quelque danger à écarter, quelque méfait des démons à réparer, quelque malheureux à sauver. Enfin, il préside, assis à la droite de son père Amitâbha, au paradis de Soukhâvatî dont il ouvre les portes à tous ceux qui l’invoquent avec dévotion, amour et confiance.


Tchanrési.
En raison de ses multiples fonctions de protecteur et de sauveur (on pourrait presque dire de rédempteur, si l’idée de rédemption par intervention divine n’était en contradiction avec le dogme bouddhique de la responsabilité personnelle et de la conséquence fatale des actes), et aussi en souvenir de ses incarnations répétées, Avalokiteçvara revêt, suivant le rôle qu’on lui attribue, des formes très diverses correspondant à ses trente-trois incarnations ou manifestations principales. Le plus souvent, on le représente, assis ou debout [1], sous les traits d’un beau jeune homme d’environ dix-huit à vingt ans, au teint blanc ou doré, coiffé d’une couronne à cinq fleurons, richement vêtu et paré d’ornements précieux, tenant un lotus en bouton ou épanoui et un vase d’amrita. Quelquefois aussi, mais très rarement au Tibet, on lui donne l’aspect féminin. D’autres fois encore il a plusieurs têtes et de nombreux bras. La plus célèbre de ses images est celle qui le représente avec onze têtes, disposées en pyramide, et vingt-deux bras (c’est particulièrement sous cette forme qu’il est le patron attitré du Tibet), anomalie

  1. Cette dernière attitude marque l’activité ou l’action.