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fastidieux d’énumérer toutes — se multiplient dans les provinces frontières de Ladak, de Ngary-Khorsoum, de Cachemir, de Népaul, de Sikkim et de Boutan, faites, pour la plupart, par des officiers de l’armée des Indes ou des fonctionnaires anglais, dont quelques-uns parviennent à faire de courtes incursions sur le territoire interdit. De toutes, la plus intéressante et la plus fructueuse au point de vue scientifique, fut celle du Hongrois Alexandre Csoma de Körös qui partit pour le Tibet, en 1823, dans le but d’y rechercher la trace des Huns, ancêtres des Hongrois, qu’il supposait originaires de ce massif montagneux. Bien accueilli au monastère de Kanam[1], dans le Ladak, à proximité du Tibet occidental, il s’y livra à l’étude de la langue tibétaine, dont il composa la première grammaire connue. Il se disposait à pénétrer dans l’intérieur du pays, lorsqu’il mourut, en 1830, à Dardjiling. Outre sa grammaire, Csoma a laissé plusieurs travaux de grande importance sur la géographie, les mœurs et la religion du Tibet, parmi lesquels le plus remarquable est son « Analyse du Kandjour et du Tandjour[2] », volumineux recueils des Écritures sacrées du Bouddhisme.

En 1844, deux lazaristes français de la mission de Pékin, les pères Huc et Gabet, partaient de Hé-chui, dans la Mongolie septentrionale, traversaient la Mongolie, une partie du désert de Gobi et du Tangout, pénétraient au Tibet par la frontière du nord, et, après deux ans d’un pénible voyage, arrivaient en 1846 à Lhasa. Au bout d’à peine deux mois de séjour, ils furent expulsés par ordre du gouvernement chinois et ramenés au Ssé-tchuen par la route de Bathang, qui traverse dans sa plus grande largeur le Tibet

  1. L’abbé Desgodins raconte avoir visité dans ce monastère la cellule de Csoma, en 1857 (Mission du Thibet, p. 29).
  2. Traduite en français, revue et annotée par Léon Feer (Annales du Musée Guimet, t. II, in-4o. Paris, 1881).