Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/252

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remarquer toutefois que ces jeûnes sont en quelque sorte facultatifs, les moines débiles ou malades pouvant les réduire à ce que leurs forces permettent, et que leur rigueur est sensiblement amoindrie par la tolérance de prendre plusieurs tasses de thé, sans rompre le jeûne, excepté le quatrième jour de la cérémonie Nyoung-par[1], « continuer l’abstinence », pendant lequel il n’est même pas permis d’avaler sa salive. Il va naturellement sans dire que la règle n’interdit pas les austérités et les mortifications corporelles, si rigoureuses qu’elles soient, que les exaltés peuvent vouloir s’imposer ; en principe, cependant, ils doivent préalablement obtenir l’assentiment et l’autorisation de leurs supérieurs, à moins qu’ils ne fassent partie de la classe, très peu nombreuse, des ascètes-ermites indépendants de tout monastère.

Le régime alimentaire des Bhikchous primitifs ne paraît pas avoir été l’objet de restrictions rigoureuses. Le Bouddha ne leur imposait que de se nourrir exclusivement de ce qu’ils recevaient comme aumône, sans spécifier quelle devait être la nature des aliments permis, et, bien qu’en général les Indiens fussent végétariens, divers passages des écritures (entre autres le récit du dernier repas du Bouddha chez le forgeron Tchounda) semblent indiquer que la chair des animaux n’était pas absolument interdite. Une seule règle était absolue, l’interdiction de faire plus d’un repas par jour. Cette règle est observée au Tibet, comme d’ailleurs dans toutes les contrées bouddhiques, mais avec l’atténuation de l’absorption quotidienne de nombreuses tasses de thé à l’eau[2] (huit à dix pendant les exercices et les offices) sans compter, le matin et le soir, deux ou trois tasses de gruau de thé[3], mixture préparée avec du lait et du beurre. Le repas principal se prend vers une heure. Il se

  1. Snyung-par gnas-pai c’o-ga.
  2. Ja-c’os « eau de thé ».
  3. Ja.