Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/253

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compose de thé, dans lequel on délaie de la farine d’orge grillée (tsampa), de viande (ordinairement du mouton) et de gâteaux de farine d’orge ou de froment. Suivant la règle du monastère, les religieux prennent ce repas, soit en commun dans le réfectoire, soit séparément dans leur cellule, tandis que les collations de thé (tchatch’os) et de gruau de thé (tcha) — ces dernières dues la plupart du temps aux largesses de quelque fidèle généreux — leur sont servies dans leur salle de réunion ou même dans le temple pendant des suspensions d’office ménagées à cette intention. Repas et collations sont précédés et suivis de la récitation de prières (bénédicité et grâces) dans lesquelles, s’il y a lieu, on appelle les bénédictions du ciel sur les généreux donateurs à qui la communauté est redevable de l’amélioration de son ordinaire. Les jours de grandes fêtes, une distribution extraordinaire de thé est faite dans tous les couvents au nom et aux frais de l’empereur de Chine, suzerain du Tibet.

Les modifications que le Bouddhisme a subies en se transformant en religion ont changé profondément la vie quotidienne des religieux. Tandis que le Bhikchou de la fondation n’avait point d’autres occupations, en dehors de sa tournée de mendicité, que d’écouter les enseignements du Maître, de méditer sur les vérités de la Bonne Loi et de s’efforcer de les répandre autour de lui, soit qu’il demeure dans une résidence fixe, soit qu’il aille en mission, l’institution d’un culte de plus en plus compliqué créait au moine-prêtre de nouvelles et absorbantes obligations, au Tibet plus encore que partout ailleurs, étant donné le caractère éminemment sacerdotal qu’il y a revêtu.

Sans revenir sur les études, somme toute assez sérieuses et difficiles, que doivent faire les postulants pour être admis à l’initiation, le novice pour mériter l’ordination, le prêtre ordonné pour parvenir au rang élevé de Lama[1], la vie

  1. Voir page 223.