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À ces offrandes indispensables viennent s’ajouter celles, de même nature, eaux, gâteaux, encens, fleurs que présentent les fidèles. Il est particulièrement méritoire d’offrir cent-huit lampes, autant de gâteaux, de tasses de riz cuit ou cru, et de tasses d’eau.

Cette série d’offrandes n’est pas particulière au Tibet. On la retrouve exactement dans la même forme chez les sectes mystiques de la Chine et du Japon[1].

Quand il s’agit de cérémonies magiques en vue d’obtenir la protection ou l’intervention des dieux (Dragçeds) et des déesses (Dâkkinîs) à allures démoniaques, spécialement qualifiés comme adversaires éternels des démons et répartiteurs des grâces et biens matériels que l’on n’oserait pas demander aux Bouddhas, ni même aux Bodhisattvas, les offrandes essentielles se complètent par des oblations de chair d’animaux ou de poissons, de sang et d’une liqueur spiritueuse offerts dans des crânes humains en guise de coupes. Cette liqueur, que la plupart des auteurs anglais dénomment vin, est en réalité de la bière d’orge (tchong) ou un alcool tiré de la fermentation de cette bière. Dans les sacrifices propitiatoires aux démons, la victime est toujours une poule ou un bouc.

Très pieux ; les Tibétains prient continuellement, non seulement dans les temples, mais dans leurs maisons, dans les rues, en travaillant, en se promenant. Souvent même ils se réunissent devant leurs portes ou sur les places pour prier en commun. Les prières, chantées ou psalmodiées plutôt que récitées, ont naturellement un caractère différent suivant la nature des êtres divins auxquels elles s’adressent. Le vrai dévot, à plus forte raison le religieux, ne demandera pas aux Bouddhas des grâces personnelles, pas même d’obtenir une bonne transmigration ; il les implorera afin qu’ils l’éclairent, qu’ils le purifient, le guident et le sou-

  1. Voir Si-do-in-dzou, p. 70.