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l’exploration heureusement accomplie de Bonvalot et du prince Henri d’Orléans qui ont pu traverser une grande partie du Tibet, du Laos et de Siam.

Au moment où cette dernière expédition rentrait en France, une autre partait pour les mêmes régions sous la conduite de Dutreuil de Rhins. La compétence reconnue de ce géographe faisait concevoir les plus légitimes espérances pour les résultats scientifiques de cette mission. Il avait réussi à traverser, après un court séjour à Léh (Ladak), la partie septentrionale du Tibet, qu’aucun Européen n’avait encore foulée, lorsqu’il périt sous les balles tibétaines à une centaine de kilomètres de la ville chinoise de Si-ning, ajoutant un nom de plus au lugubre, mais glorieux martyrologe des pionniers de la science. Son dévouement du moins ne sera pas inutile, car son vaillant compagnon, M. Grenard, s’occupe en ce moment de la publication des documents que son énergie a préservés de la destruction.

Bien qu’ils ne soient pas Européens, nous ne pouvons nous dispenser de dire un mot des travaux fructueux, au point de vue géographique surtout, des Pandits indous envoyés au Tibet par le gouvernement anglais pour suppléer, dans la limite du possible, les Européens, auxquels la prudence jalouse de la Chine ferme impitoyablement la porte de ce pays. N’excitant pas les mêmes méfiances et masquant leurs missions sous l’apparence de pèlerinages aux lieux saints du bouddhisme, — également vénérés par les Indous en raison des antiques légendes qui les rattachent au cycle mythologique du brâhmanisme, — ils ont pu rendre à la science de réels services. L’un d’eux, Naing-Sing, a fait trois voyages sur les frontières et dans l’intérieur du Tibet de 1865 à 1878 ; un autre, nommé Krishna, a pu, en 1878, pénétrer jusqu’à Lhasa, dont il a rapporté une description très complète ; et M. Sarat Chandra Dâs publie en ce moment, dans diverses Revues anglaises, les résultats de ses nombreuses missions dans la Terre sainte du Bouddhisme.