Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/28

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3. Géographie physique : aspect général du pays. — Le Tibet, que les anciens Indous considéraient, non sans raison, comme le centre du monde connu ou plutôt soupçonné par eux, c’est-à-dire de l’Asie, et où ils plaçaient le mont sacré Mérou, séjour des dieux et support du ciel, — est constitué par un soulèvement de prodigieuse élévation, nœud de tout le système orographique et hydrographique du continent asiatique, compris à peu près exactement entre le 76° et le 96° degré de longitude orientale, le 28° et le 35° degré de latitude nord. Enserré entre deux principales chaînes de montagnes hérissées de pics neigeux, l’Himâlaya à l’ouest et au sud, et les monts Kouen-loun au nord, avec leurs ramifications des Bourkhan-Bouddha et des Bayan-Kara à l’est, il affecte une forme ovoïdale irrégulière, resserrée à l’ouest et s’élargissant à l’est, quelque peu semblable à un gigantesque haricot. Sa superficie est évaluée à 3,800,000 kilomètres carrés, soit sept fois la surface de la France[1], en y comprenant les pays limitrophes qui en dépendent géographiquement s’ils ont cessé, par suite de conquêtes, de lui appartenir de fait.

Le Tibet actuel est limité : à l’ouest, par l’Himâlaya Cachemirien et par le massif des monts Tsong-ling, commencement de la chaîne des Kouen-loun ; au nord, par les monts Kouen-loun et Nan-chan, par le désert de Gobi ou Chamo et par la partie sud de la Mongolie occidentale ; à l’est, par les provinces chinoises du Kan-sou, du Sse-tchuen et du Yun-nan ; au sud-est, par l’État, aujourd’hui presque indépendant, de Boutan ; au sud, par le petit royaume de Sikkim, et, au sud-ouest, par celui de Népaul, qui ont fait un moment partie de son territoire, mais sont maintenant tombés sous le protectorat britannique.

On compare souvent le Tibet à la Suisse. Cette compa-

  1. Dutreuil de Rhins, Asie Centrale, p. 1.