Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/284

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texte de contribuer par son intervention au bonheur présent et futur des hommes, de les aider à marcher dans la voie de la sagesse et de la sainteté. L’enfant qui vient de naître est une proie livrée sans défense aux démons, s’il n’est protégé par l’égide de la religion, et cette protection lui est acquise par une cérémonie qui a une grande ressemblance avec le baptême chrétien, bien qu’elle découle en réalité d’anciennes pratiques brâhmaniques quelque peu modifiées dans leur forme.

Le troisième ou le dixième jour après sa naissance (époque consacrée par le rituel brâhmanique pour la cérémonie de « dation de nom »), on célèbre pour l’enfant le sacrement appelé Touisol[1]. On dresse à cet effet un autel sur lequel brûlent des lampes et des baguettes d’encens, tandis que le prêtre consacre au moyen de prières et de formules magiques de l’eau bénite avec laquelle il asperge l’enfant ou dans laquelle il le plonge trois fois. Puis il le bénit par imposition des mains ou du chapelet, lui donne un nom et consulte les astres pour établir son horoscope. Il va sans dire que si les présages sont mauvais on peut les corriger, ou tout au moins les atténuer, au moyen de cérémonies magiques d’autant plus efficaces qu’elles seront plus généreusement rétribuées. Dès que l’enfant peut marcher et parler, le prêtre intervient de nouveau pour le bénir, réciter les prières et les formules propres à assurer son bonheur matériel et spirituel, et suspendre à son cou des amulettes qui doivent le défendre contre les maladies, les accidents et les maléfices des démons.

La religion, qui considère le mariage comme un mal toléré par condescendance pour la faiblesse humaine, n’intervient pas pour le sanctifier par ses prières et ses bénédictions. C’est, comme nous l’avons vu, un acte purement civil, occasion naturellement de grandes réjouissances

  1. Bkrus-gsol, ablution.