Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/290

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étaient élevés des monuments contenant de ses reliques (stoupas) devinrent aussi des pèlerinages très fréquentés.

Au Tibet, tous les monastères de quelque importance se targuent de posséder des reliques miraculeuses ou bien un Lama incarné, et leurs fêtes patronales, toujours accompagnées de foires avec divertissements de toutes sortes sont devenues des occasions de pèlerinages auxquels tout Tibétain ne manque pas de se rendre au moins une fois dans sa vie au mépris de la fatigue, de la difficulté des chemins et de la rigueur de la température, causes fréquentes d’accidents mortels.

Parvenu au but de son voyage, le pèlerin visite pieusement le temple, se prosterne devant les images, presque toujours miraculeuses, présente les offrandes qu’il a apportées à grande peine, puis, ses dévotions terminées, s’occupe de ses affaires, ventes ou achats de marchandises diverses, et se livre à tous les plaisirs que lui offre le côté mondain de ces pieuses réunions.

L’acte de dévotion le plus habituel de ces pèlerinages consiste à faire un certain nombre de fois le tour[1] du temple ou du monastère en récitant des prières et en faisant tourner l’inévitable cylindre qui renferme la formule sacrée Om Mani Padmé Houm. Parfois quelque dévot particulièrement zélé fait à genoux cette circumambulation ou bien encore, insouciant de la poussière, de la boue ou de la neige, se prosterne tout de son long, les bras en croix, marquant ainsi de l’empreinte de son corps tout le périmètre du lieu saint, exercice de piété qui demande souvent plusieurs jours.

Si le Tibétain est dévot, il est encore plus superstitieux : il l’est par nature, par tempérament, par atavisme, par tradition, et sa dévotion elle-même n’est au fond que superstition. Il ne faut pas oublier, en effet, que sa

  1. Il faut toujours avoir le monument sacré à sa droite.