Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils puissent désormais obtenir la délivrance finale, ou Nirvâna ;

8o Prier et supplier les Bouddhas qui sont actuellement dans l’univers de tourner la roue de la loi (c’est-à-dire de prêcher la doctrine) et de ne pas quitter le monde trop tôt, mais d’y demeurer pendant plusieurs kalpas[1]. »

En général le Tibétain est profondément religieux. Les aumônes, les dons de toute nature aux monastères, les visites aux temples de la localité et les offrandes quotidiennes qu’il y apporte ne suffisent pas à satisfaire sa piété. Constamment, en marchant, en se reposant, en vaquant à ses affaires, on peut le voir égrenant des prières sur son chapelet, ou bien faisant tourner des heures entières son cylindre à prières en murmurant la sainte formule mystique, Om Mani Padmé Houm ! enseignée, dit-on, par le Bodhisattva Tchanrési lui-même.

Mais tout ceci constitue la dévotion courante, à la portée de tout le monde et il est un autre acte pieux bien autrement méritoire en raison de la peine et souvent même du danger qu’il comporte, encore qu’il soit presque toujours une occasion de plaisirs de tous genres et aussi de bénéfices pécuniaires. C’est le pèlerinage.

Si nous en croyons les soutras les plus anciens, le Bouddha lui-même enseigna à son disciple bien aimé, Ananda, que l’acte le plus méritoire du fidèle bouddhiste, religieux ou laïque, était la visite des lieux sanctifiés par les quatre évènements principaux de l’existence d’un Tathâgata : sa naissance, son accession à la dignité de Bouddha, sa première prédication de la Loi, et son Nirvâna. Aussi, dans l’Inde ancienne, des foules de pèlerins, venus des points les plus éloignés, même de la Chine, se pressaient-elles à Bouddha-Gâyâ, à Bénarès et à Kapilavastou, et par la suite les lieux où le Bouddha résida ou bien ceux où

  1. F. Schlagintweit : Le Bouddhisme au Tibet, p. 67.