Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/301

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Les monastères du Tibet sont désignés sous les différents noms de K’ang, Gonpa et Ling[1] ; toutefois leur appellation la plus exacte est celle de Gonpa, le tenue de K’ang « palais » s’appliquant plutôt aux temples ou aux résidences des deux grands pontifes, Potala[2] et Tachilhounpo[3], et celui de Ling[4] étant spécialement réservé aux grands monastères-universités. Ils passent pour avoir été édifiés, en général sur le modèle de ceux de l’Inde : ainsi, on prétend que le monastère de Samyé[5], fondé par Padma Sambhava en 749, sous le règne de Thisrong Detsan, est la reproduction exacte du Vihâra d’Odantapoura, dans le royaume de Magadha, et que celui de Dépoung est la copie du célèbre Çrî-dhyâna-Kataka du Kalinga. Ils ne ressemblent guère aux couvents d’Europe. À part le Potala, résidence des Dalaï Lamas, palais plutôt que monastère, construit en 1642 par Ngavang Lobzang sur les ruines de l’ancien château-fort de Srongtsan Gampo, un monastère tibétain a d’habitude l’aspect d’une ville, agglomération de maisonnettes enclose d’un mur élevé, ordinairement percé de quatre portes, orientées aux points cardinaux, qui se ferment à la tombée de la nuit afin d’empêcher l’intrusion des profanes et surtout des femmes dans l’enceinte consacrée. Ces maisons, habitations et propriétés individuelles des Lamas, sont construites dans le style habituel des demeures des laïques ; elles ont d’ordinaire un seul étage, au-dessus du rez-de-chaussée, surmonté d’un toit plat formant terrasse. Au rez-de-chaussée se trouvent la cuisine et le cellier aux provisions ; l’étage supérieur sert d’habitation. Au centre de l’agglomération, au milieu d’une large place servant aux assemblées des moines et aux réunions des

  1. Gling.
  2. Bo-ta-la.
  3. Bk’ra-çis-lhunpo.
  4. Gling.
  5. Bsam-yas.