Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/314

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ainsi nommés sans doute à cause de la prière sculptée sur leurs surfaces. Quand il s’agit d’un mur Mani, le passant doit toujours avoir soin de le tenir à sa gauche afin de pouvoir lire dans leur succession normale les caractères qui y sont gravés. Parfois aussi les répétitions de la prière sont entremêlées d’images de divinités bouddhiques.

Labtsés. — Aux carrefours des routes, au sommet des défilés des montagnes ou au bord des chemins périlleux, le voyageur rencontre fréquemment des tas de pierres surmontés d’un mât auquel sont suspendus de petits drapeaux couverts d’inscriptions et de figures, ou bien simplement des morceaux d’étoffes, et le pieux Tibétain ne manque jamais d’ajouter sa pierre au tas en prononçant une prière. Ce sont des Labtsés[1] érigés en l’honneur des dieux inférieurs, des génies et des démons afin d’obtenir leur protection ou de les empêcher de nuire dans les passages dangereux que l’on doit parcourir. La prière que le voyageur murmure en jetant sa pierre, Lha-jya-lo « Dieu, donnez-moi cent années[2] », sous sa forme détournée vise évidemment au même but, de même que les mantras et les dhâranîs ou la figure du Cheval aérien, Loungta, inscrites sur les drapeaux, et tel doit être aussi le sens des lambeaux d’étoffes offerts par les voyageurs nécessiteux. Quelquefois le mât est remplacé par un arbre sec ou par un fagot de broussailles. Quelquefois aussi, drapeaux et haillons sont suspendus à des cordes allant du mât à quelque arbre ou à une pierre distante de quelques mètres, faisant ainsi une girandole protectrice au-dessus de la route.

3. Sciences et Arts. — Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le dire, les Lamas sont à peu près les seuls détenteurs au Tibet des sciences et des arts, d’ailleurs

  1. Lab-ts’e.
  2. W. W. Rockhill : Notes on the ethnography of Tibet.