Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/318

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donner un caractère particulier qui le distingue nettement de l’art chinois, bien qu’il s’en inspire souvent. Statues et statuettes sont en général fondues dans des moules exécutés d’après des modèles existant ; quoique cependant les artistes tibétains connaissent les procédés techniques de grandissement et de réduction, et soient capables de produire des œuvres originales, même des portraits. La plupart du temps ils ne s’en donnent pas la peine. Quelquefois les grandes statues sont faites de plusieurs pièces, soit fondues soit exécutées au marteau et si habilement ajustées qu’il est impossible par l’examen le plus attentif de reconnaître les points de soudure.

La conclusion à tirer de cet exposé trop court et certainement incomplet de la vie sociale et religieuse de ce peuple étrange qui, au milieu de ses montagnes presque inaccessibles et sous un climat inclément, se complaît depuis des siècles dans un isolement volontaire, peut se résumer en quatre mots : « Le Lama est tout ». Il est tout, en effet, Pontife et roi, ministre, prêtre, astrologue, devin, sorcier, savant, professeur, médecin, architecte, peintre, sculpteur, littérateur, administrateur, magistrat, fonctionnaire, marchand, possesseur de toute la fortune du pays, et le peuple n’existe que pour l’entretenir et le servir.

N’est-ce point là, en vérité, le Paradis des Moines.